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Des histoires qui se vivent

Big Steph, une des mémoires de la scène punk rock alternative (mars 2018)

Big Steph, une des mémoires de la scène punk rock alternative (mars 2018)

Big Steph, on le remarque ! Il a une tronche de rockeur et une carrure à bosser dans la sécu. Un gars qui n’hésite pas à dire ce qu’il pense et qui reste fidèle à son ancrage musical. La musique ? Il a mis le pied dedans tout jeune. Très tôt, il suit ses cousins et découvre la scène punk rock des années 80. Avec des groupes comme Les Rats et Parabellum, il rencontre des gens écorchés, libres et impliqués. L’énergie qu’ils dégagent, il va vouloir la partager. C’est comme ça, qu’il organise ses premiers concerts. Tout d’abord avec des potes, et puis tout seul quand il monte sa propre affaire en Bourgogne : « j’ai eu un bar de début 1991 à 1993, dans le trou du cul du monde. J’avais 21 ans. Je faisais ma prog, je sélectionnais moi-même les groupes ». Il jette un coup d’œil aux affiches près du bar : « à l’époque, pour la com’, on se démerdait autrement : on faisait des pochoirs et des collages. Et après, on passait tout à la photocopieuse. Je crois que j’ai encore des affiches chez moi.»

Big Steph prend ses valises et arrive à Rennes en 1997. Pendant un an, il bosse au Sympatic Bar (en 1998), puis enchaîne des postes à la sécu des salles de concert entre 1999 et 2003. En 1999, il participe même à l’orga du Festival des Résistances « on avait fait des souscriptions grâce au dessin de Vuillemin – créé gratuitement -, ce qui nous a permis de faire des t-shirts et affiches du festoche. Grâce à ça, on a eu des fonds pour pouvoir faire le festival et surtout aussi grâce à Eric Lacote, chanteur des Dileurs, qui avait un très bon carnet d’adresses avec beaucoup de gros groupes comme Zebda, Tryo, Flor del fango…. » En 2002, il entre au Mondo Bizarro, il y restera 16 ans : « au début, j’ai fait de la sécu pour le Mondo sur des grosses dates comme UK Subs, The Vibrators… Et puis, j’ai vu que Bruno était emmerdé, il avait plus de barmans. En mars 2003, j’attaquais le bar. »

Derrière son comptoir, il en a vu des groupes : « ça m’a permis de revoir des connaissances comme Pat Kebra, Géant Vert. » Il évoque aussi, ses potes, ceux qu’ils n’oublient pas « Parabellum, Les Rats… c’est la famille. Schultz, Sven et Patrick Lemarchant… Les mecs, je les ai connus à 15 ans. » Les souvenirs de concerts défilent, on parle d’un soir, à la salle de l’Étage où Schultz – chanteur de Parabellum disparu en 2014 – le salue du haut de la scène. Stéphane est au beau milieu du public, il dépasse tout le monde d’une bonne tête et répond d’un geste amical à son pote : « … c’était mon grand frère », lâche-t-il le regard absent.

Aux côtés de Bruno, Big Steph a aussi vu évoluer des acteurs de la scène locale : « Jo – de l’asso Face to Face – je l’ai connu tout jeune. Il met de sa poche, parfois il se casse la gueule mais il recommence. » Et puis, la conversation s’étoffe, les anecdotes fusent… Big Steph pose ses coudes sur le comptoir et confie : « Oh là ! Les Fishbone ! Il y avait 240 personnes là-dedans, le 15 août. Je me rappelle, c’était Nico de Tagada qui faisait le son. » Le temps de servir à boire à des clients et il revient : « Il y a aussi eu des casse-couilles comme The Distillers en 2002. Ils sont arrivés à la bourre et ils ont joué les stars. »

Big Steph est une des mémoires de la scène punk rock alternative. Dans quelques années, on le verra peut-être à la sécu d’une salle de concert ou derrière le comptoir d’un autre bar à Rennes. Mais ce qui est sûr, c’est que des histoires, il en a en réserve : entre deux services, il pourra lâcher deux ou trois anecdotes sur la scène d’aujourd’hui et d’hier. Et un rêve fou, il en a un ? : « J’aime bien faire la bouffe… Avec ma femme, on aimerait bien ouvrir des chambres d’hôtes à thèmes. » Le punk rock ne meurt jamais. Une devise que Stéphane n’a pas besoin de dire, il la porte en lui.

Caroline VANNIER

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