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Des histoires qui se vivent

Denis Barthe

Denis Barthe

Rennes, vendredi 7 décembre 2018. De la pluie, du vent… et des passants qui courent pour s’abriter. Pas de chance… l’heure tourne et le mauvais temps redouble. Et puis, sans prévenir… l’éclaircie arrive. C’est le moment d’en profiter ! Le QG des Bars en Trans n’est pas loin… Situé sur une voie parallèle à la rue de Brest, l’endroit est discret : une façade grise, des gens qui discutent dans une arrière cour mais pas plus d’indication. C’est à l’intérieur, que tout se précise : avec une émission de radio en direct, un concert et des interviews, il règne ici une cacophonie organisée. Un rapide coup d’œil, un renseignement à la borne d’accueil… Ouf.. The Very Small Orchestra n’est pas encore là. Il n’y a plus qu’à attendre.
Vers 16h00, les musiciens font leur entrée et ils n’ont de small que le nom. Ils sont six et parmi eux, des visages connus : Vincent Bosler (The Hyènes…), Kiki Graciet (Niko EtxartCalvin Russell…) et bien sûr Denis Barthe (Noir Désir, The Hyènes, Mountain Men…). À peine arrivés, ils prennent place derrière les micros de C Lab et de Radio Campus Paris. Les questions des chroniqueurs défilent et d’emblée, le ton tranche avec le groupe précédent. Les musiciens sont plus francs, plus instinctifs… sans artifices. Leur musique, ils la définissent comme rock, presque cinématographique. Entre deux blagues, ils expliquent qu’ils sont allés là où on ne les attendait pas : « au départ, il n’y avait que Kiki et moi et puis, c’est devenu une grosse blague. On s’est dit, on invite des potes à faire un album et pourquoi pas faire un concert de temps en temps avec tous les gens qui ont participé et ça s’est développé comme ça », explique Vincent Bosler. « C’est la cour de récréation (…) oui, on se permet tout ce qu’on se serait pas permis dans nos groupes respectifs. (…) on est en mode Do it yourself et je ne devrai pas le dire mais jusqu’au troisième album, on avait pas une répète au compteur. On montait sur scène, on jouait et c’est ce qui plaisait à tout le monde », ajoute Denis Barthe. Et il est clair que quand on les voit sur scène, l’expérience est indéniable ! Avoir suffisamment de bouteille pour être capable d’improviser devant un public, c’est ce à quoi aspire tout bon musicien et ils le font. La liberté… et la musique comme acte politique, Denis Barthe est le premier à relever ces engagements : « on habite un pays où sur les mairies, il y a noté liberté, égalité, fraternité… ça commence par liberté et tous les jours, on t’en éteint une petite. » Des mots qui font sens et que le batteur clame depuis presque quarante ans. Avec Noir Désir, il s’exprimait déjà sans filtre : un franc-parler devenu presque militant dans la France d’aujourd’hui. Une façon d’être qui transparaît jusque dans son jeu de batterie… Précise, claire : sa frappe est sans concession et ses plans toujours justes. Une réelle identité rythmique qui colle parfaitement à The Very Small Orchestra et The Hyènes… et qui marquera à jamais les mémoires dans Noir Désir. Avec beaucoup d’honnêteté et de simplicité, il a accepté de répondre à quelques questions. Un moment volé entre deux interviews…

1 – La rencontre avec la batterie, un heureux hasard ?
J’ai rencontré mes potes dans une fiesta. J’ai discuté avec Serge en premier et il m’a montré un mec plus loin, c’était Bertrand, il m’a dit on va monter un groupe ça te brancherait ? J’ai répondu oui. C’est comme ça que le groupe a commencé. J’avais jamais touché à une batterie, je n’ai rien dit, j’avais envie au moins d’essayer. Je me suis entraîné comme un fou pendant quinze jours sur un kit acheté d’occasion et à la fin de notre première répète, Serge m’a dit « tu connais Highway to Hell » et là encore, j’ai répondu oui, on à terminé par ça je ne savais pas que c’était parti pour trente ans. Après, j’ai aussi la chance d’avoir un frangin qui aime la musique, ça m’a rendu curieux. Il jouait de l’orgue, avait aussi une belle collection de vinyles et ça a compté dans mon adolescence.

2 – Vous avez une frappe précise, percutante. Est-ce le fait d’avoir intégré tout de suite un groupe qui vous a permis d’acquérir une telle efficacité ?
Intégrer un groupe, ça aide. J’aime pas bosser seul. Je travaille si possible au moins avec un bassiste ou un guitariste. Quand je suis en solo, c’est pour travailler une technique précise ou un plan que j’ai en tête. Je peux aussi dire merci à deux producteurs : Ted Nicely et Ian Broudie qui m’ont beaucoup apporté. À la base, je suis un autodidacte et en bossant avec eux, ils m’ont poussé là où je ne serai peut être jamais allé. J’ai beaucoup appris, notamment à jouer avec le clic, à l’anticiper et contrôler ma frappe.

3 – Deux mots pour décrire un bon batteur ?
Quelqu’un qui sait avant tout écouter, qui a bien sûr du feeling mais aussi de l’instinct. Même avec une bonne technique, si tu ne transmets pas les bonnes sensations, ça ne donnera rien d’intéressant. 4 – Le matériel, c’est important pour vous ? Sur quoi jouez-vous ? Le matériel c’est du plaisir et il faut surtout trouver le kit qui te correspond. J’ai entre autre une Pearl, la même depuis 1996. Je suis surtout habitué à cette batterie, j’ai mon propre réglage et elle me convient parfaitement.

4 – Le matériel, c’est important pour vous ? Sur quoi jouez-vous ?
Le matériel c’est du plaisir et il faut surtout trouver le kit qui te correspond. J’ai entre autre une Pearl, la même depuis 1996.  Je suis surtout habitué à cette batterie, j’ai mon propre réglage et elle me convient parfaitement.

5 – Quel type de musicien vous inspire ?
Je suis attaché aux gens qui toute leur vie tracent le même sillon en essayant de le faire le mieux possible Des gens qui vont au bout des choses : les perfectionnistes.

6 – Si je vous dis Tostaky ?
Un grand souvenir. Un grand moment, et un grand virage aussi… On savait qu’il n’y aurait pas de Tostaky 2 on était allé au bout de quelque chose, ce qui allait suivre serait forcément différent.

7 – Dans vos concerts, vous aviez l’habitude de ne jamais faire la chanson Tostaky de la même façon.
On avait des approches différentes dans l’instant, c’est ce qui nous plaisait, la liberté de faire à toujours été vitale.

8 – Si je vous dis Les Têtes Raides ?
Ce sont des amis. Un très beau souvenir et une grande fierté d’avoir produit l’album Fragile. On les a connu en collaborant sur la chanson L’identité, nous avons tous bossé ensemble comme des vieux potes que nous n’étions pas encore et que nous sommes devenus.

9 – Quel souvenir gardez-vous de votre rencontre avec Alain Bashung ?
C’était quelqu’un d’infiniment gentil. Discuter avec Alain Bashung, c’était comme se balader dans un jardin luxuriant. C’était à la fois quelqu’un de très simple et un véritable artiste en recherche d’absolu, en un mot La classe.

10 – L’engagement faisait partie de l’identité de Noir Désir et vous n’étiez pas le dernier à vous exprimer. Aujourd’hui, qu’en est-il ? Quel est le combat qui vous semble prioritaire ?
Aujourd’hui, on devrait se battre avant tout pour la liberté, elle perd du terrain chaque jour. Le problème, c’est que le manque de solidarité gagne du terrain et l’individualisme ne mène à rien.

11 – Quand Albert Dupontel vous a contacté pour composer la B.O. de son film Enfermés Dehors. Avez-vous accepté tout de suite ? Comment s’est traduit l’exercice ?
Il m’a téléphoné pour me dire que le thème de son film était plutôt rock’n’roll et qu’il aimerait que nous bossions ensemble. A ce moment-là, il m’a vraiment redonné envie de jouer de la musique. On a travaillé en studio chez moi avec Jean-Paul Roy et Vincent Bosler directement à l’image, avec Albert. Il nous a dit ce qu’il voulait sur telle ou telle scène, on proposé des choses et le boulot s’est engagé. The Hyènes est né suite à la suite ça et le nom du groupe fait clairement référence à la scène culte de Bernie.

12 – Avez-vous envie de travailler avec d’autres réalisateurs ?
Oui, on a déjà travaillé sur un court-métrage qui s’appelle Desperadiou, on joue dedans, un hasard et des rencontres. On est ouvert à ce genre de propositions, c’est super intéressant.

13 – Le groupe The Hyènes, encore un heureux hasard ?
Oui en quelque sorte, une rencontre d’éléments incontrôlés et incontrôlables, on prépare un nouvel album, sortie et tournée en 2020

14 – Des groupes que vous écoutez en ce moment ?
Pogo Car Crash Control, Delgres, Gunwood et je réécoute aussi RL Burnside ces temps-ci.

15 – Un souhait pour les années à venir ?
Qu’on essaie tous d’être plus heureux, ça peut paraître con mais au fond qu’il y a t-il d’autre d’important ?

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