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Des histoires qui se vivent

Voight Kampff

Voight Kampff

Voight Kampff a ce petit truc en plus qui fait qu’il ne ressemble à aucun autre groupe. Des musiciens passionnés qui n’hésitent pas à réenregistrer leurs morceaux en studio quand ils remarquent « qu’ils ne vont pas dans le bon sens ». Des fans de science-fiction et de Metal qui se retrouvent pour développer un projet hors norme : faire un album basé sur l’œuvre Blade Runner. Des artistes courageux qui un an après le décès de leur guitariste, Mathieu Broquerie, remontent sur scène. Quelques heures avant leur concert du vendredi 13 septembre à l’Étage (Garmonbozia / I’m From Rennes), ils ont accepté de répondre aux questions de Metalorgie. Entre échanges autour de K. Dick et d’Azimov, les musiciens sont revenus sur la sortie de lexcellent Substance Rêve (label Sliptrick Records) : une réussite tant au niveau technique, qu’artistique. Un album cohérent et pointu qui laisse la part belle à l’imaginaire. Mais avant d’en savoir plus, une petite explication s’impose… Voight Kampff est la machine utilisée par les Blade Runners : policiers en charge d’arrêter et de déterminer si un individu est un répliquant ou non. Il faut croire que l’inspiration ne s’est pas tarie avec le temps… comme quoi, un simple nom de groupe peut se révéler porteur d‘un véritable projet.

1 – Motocultor, Hellfest, les 15 ans de Garmonbozia… Être sur un label donne-t-il accès aux grosses scènes ?
Z : pas du tout. C’est plutôt Garmonbozia qui nous a mis dans la prog des 15 ans et celle du Hellfest. Pour le Motocultor, on a gagné un tremplin au 4BIS. C’est comme ça qu’on s’est retrouvés à jouer là-bas.
Gaël : ça nous aurait peut-être pris plus de temps en autoprod.
Z : on ne joue pas beaucoup. Pas plus de 10 dates par an mais c’est un choix. On ne joue pas souvent mais ce sont toujours de belles scènes, dans de bonnes conditions.

2 – La pochette de l’album est signée Caza. Comment s’est concrétisé le projet ? A-t-il écouté les morceaux enregistrés en studio avant de vous proposer un visuel ?
Gaël : avec Mathieu, on cherchait mais ne trouvait pas un visuel qui nous correspondait. On l’a contacté, tout simplement. Et ça a collé tout de suite.
Z : il nous a envoyé 8 croquis avec le titre des morceaux. On lui en a précommandé 2 qu’il a enrichi et finalisé. C’est quelqu’un de très accessible. On est tous fans de S.F. et on voulait retrouver cette ambiance sur la pochette de l’album.

3 – Pyromancer, tu as remplacé Oliv à la batterie. Comment as-tu posé ton jeu ? As-tu pris en compte ce qu’il a fait sur l’album ?
P : les deux. J’ai beaucoup écouté l’album. J’ai gardé des éléments de la vision d’Oliv mais je voulais aussi mettre ma patte dans les morceaux. On a pas du tout la même façon de faire de la batterie. J’ai un jeu plus chargé, je remplis plus les espaces. Oliv a une approche plus épurée. J’ai eu beaucoup de liberté, les gars m’ont laissé faire ce que je voulais.
Z : il est aussi guitariste. Et ce qu’il a fait avec nos morceaux est très bon.
Moi : tu joues de la guitare dans quel groupe ?
P : dans Architect of Cult.

4 – Votre musique est à la fois très technique et hypnotique, comment composez-vous ? Dans un même morceau, faites-vous le choix de moment purement instru et d’autres plus propices à poser la voix ?
Gaël : pour le deuxième album, les morceaux ont été composé par Oli, Mathieu, moi et Z. On a tous participé.
Z : c’est pas une science exacte. Quand on se retrouve pour travailler ensemble, il y a des erreurs qu’on garde parfois.

5 – Vous n’habitez pas les uns à côté des autres, comment travaillez-vous ?
Z : c’est pas facile. On travaille beaucoup à la maison avec Cubase. On essaie de répéter au mieux une fois par mois. C’est clair qu’on ne peut pas arriver en répète sans connaître les morceaux.
P : on s’est bien trouvé aussi. On a vraiment de la chance que ça marche.

6 – Le nom du groupe, la thématique de l’album… L’univers de Philippe K. Dick est plus qu’une source d’inspiration pour vous. Les sujets développés par l’auteur sont-ils inépuisables ?
Gaël : son imaginaire est à son image. C’est fou quand même, il a imaginé des choses qui sont en train de se passer en ce moment. Après, sur Blade Runner, je pense qu’on a fait le tour avec l’album.
Z : on pourrait s’inspirer d’autres auteurs de S.F. comme Azimov.

7 – Les adaptations cinématographiques de K. Dick comme A Scanner Darkly ou Blade Runner (R. SCOTT et VILLENEUVE) sont-elles aussi sources d’inspiration dans votre travail ?
Z : le film de R. SCOTT, clairement oui. Il y a plusieurs lectures à voir. Celui de VILLENEUVE, j’ai bien aimé : l’esthétique, les acteurs, Ryan Gosling… c’était vraiment super mais la musique moins. Après, c’était pas la même magie, je ne le découvrais pas avec mes yeux de mino.

8 – Question K. Dick : selon vous, qu’est-ce que le réel ?
Z : oh là comme ça, c’est pas simple comme question.
Gaël : on a tous des perceptions de ce qui se passe. Par exemple, si j’étais à l’extérieur de cette scène, de ce qui se passe en ce moment précis, ça serait plus simple. Je serai plus objectif. En fait, il manque une dimension pour le définir.
Z : c’est pas mal comme réponse.
P : Ouais, c’est bien.

9 – En réalité, l’album a été enregistré deux fois. Vous n’étiez pas satisfaits de votre travail sur la première version, alors vous avez décidé de tout refaire. Une décision très courageuse. Faut-il arriver à une certaine maturité musicale pour être capable d’avoir ce recul ?
Z : non, c’est surtout le fait qu’on ne sorte pas beaucoup d’albums. On voulait quelque chose qui nous plaise. On a retravaillé le processus d’enregistrement.
Gaël : quand on travaillait sur la première version, on avait même l’impression que ça nous échappait.
Z : on savait que ces morceaux-là valaient mieux.

10 – Un groupe que vous écoutez toujours ?
Z : Death, l’album Symbolic.
P : Death, pareil.
Gaël : Coroner, n’importe quel album.

11 – Un mot sur l’hommage rendu ce soir à Mathieu Broquerie ?
Z : on est touché par cette attention. Pour nous, c’est encore délicat. Ce soir, on va penser à lui. C’était quelqu’un qui était vraiment très actif sur la scène rennaise.
Gaël : il arrivait toujours à bonifier les gens. C’est pas parce qu’il n’est plus là que je dis ça mais avec lui, on avait l’impression d’être meilleurs. On a l’impression d’avoir une partie de nous-même.

12 – Qu’est-ce qu’on vous souhaite pour la suite ?
Z : de bons concerts et des enregistrements. Jouer. Faire de la musique encore.
Gaël : de bons concerts avec Clément aussi. Il s’est beaucoup investi pour apprendre les morceaux.

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