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Des histoires qui se vivent

Le Fanzine ? Audacieux, libre et Subjectif ! (juin 2017)

Le Fanzine ? Audacieux, libre et Subjectif ! (juin 2017)

Quand on s’intéresse au Do It Yourself, ce qui vient tout de suite en tête, c’est le fanzine ! De nos jours, le web règne en maître en terme de media support mais pour la jeune génération de l’époque, la liberté passait par le papier. Eh oui, mec, la liberté avant le net, c’était le Fanzine ! Apparu dans Les Eighties avec le Punk et destiné à soutenir une scène, un groupe ou tout ce qui suscite l’intérêt, ce média certifié « fabriqué maison » s’est fait une place dans l’univers underground des aficionados de la libre pensée, si chère aux passionnés ! Et pour en savoir plus, rien de tel qu’un esthète : rencontre avec Samuel Étienne, accro aux fanzines depuis une trentaine d’années et fervent pourfendeur de ce trucage papier destiné à soutenir une opinion plurielle mais aussi à apporter une créativité calligraphique et esthétique.

Le Fanzine ! C’est facile à définir – étymologiquement du moins – « un magazine de fan », et rien à voir avec une publication commerciale : pas de pub et donc pas de recette. Le phénomène touche tous les courants musicaux et la diversité est visible sur le papier : en mode noir et blanc ou couleur, en format flyer, en 4 pages ou plus… La charte graphique est souvent peu commune. Leur évolution aussi. Certains sont connus et sont devenus des zines à part entière tels que Magic (pop indé) ou Abus Dangereux – fanzine publié une à deux fois par an depuis 1987 – Une culture qui connaît son apogée avec l’apparition du net et des sites gratuits de types Free à la fin Des Nineties. Des années fleurissantes pour les webzines qui suivent alors des parcours très variés comme Obskure – webzine gothique qui ironie du sort deviendra aussi papier – et Premonition – qui à l’inverse passera du papier au webzine. Le Fanzine est un média purement amateur de par sa nature, même s’il peut être considéré comme un tremplin professionnel (ce que ne manqueront pas de faire les jeunes étudiants des Inrockuptibles). Pendant un temps, le fanzinat – au même titre que le vinyle – est tombé dans l’oubli. Mais aujourd’hui, il refait surface et ce, grâce à la passion de nouveaux et d’anciens tels que Samuel.

Depuis ses années d’étudiant à Nantes, l’intérêt est toujours là. Trente ans qu’il œuvre pour le fanzine ! Car Samuel est un activiste de la cause : à travers sa passion pour la musique indé, il crée avec des potes, des fanzines – tirés jusqu’à 5000 exemplaires – un outil indépendant qui permet à l’étudiant de 18 ans d’accéder aux loges des hauts lieux de la culture rock nantaise de l’époque comme le Floride et l’Olympic. Des projets plein la tête et qui se concrétisent aujourd’hui par des travaux de recherches et de publication sur le monde de la musique : comme par exemple quand il met en lumière avec quelques copains ce qui ne devait être qu’un simple mémoire et qui aboutit à la maison d’édition Melanie Seteun. Il contribue aussi au travail de recherche de Volume – revue sur les musiques populaires – il expose à la FRAC lors du festival Rebel Rebel qui s’est tenu à Marseille en 2016  ou encore au Printemps de Bourges en avril dernier pour une expo sur le fanzine. Une passion pour l’art du graff et du contemporain et en parallèle, la création d’un label Strandfalt en 2013 avec des publications indé (Have The Moscovik, Seilman Bellinsky). Un touche-à-tout qui s’est même essayé à la basse pendant un temps dans un groupe indé ! Au niveau local, Samuel diffuse la philosophie DIY. Installé à Saint-Malo, il lance le projet Daedelus il y a trois ans. La réalisation du fanzine prend une forme collaborative depuis les partenariats conclus avec la médiathèque de La Grande Passerelle et la Nouvelle Vague. Quelques réunions par an et chacun peut contribuer avec ses idées ! L’occasion de faire belles rencontres comme celle de Jacques Villeglé : artiste du mouvement néo réaliste et qui fera la couverture d’un Daedelus. Fanzine de référence de la culture underground dans la cité corsaire : un média qui fait du bien là où les lumières s’éteignent parfois trop vite une fois la nuit tombée… Samuel Étienne n’en a cure et effectue un sacré tour d’horizon avec ses comparses au sein d’un Daedelus libre, gratuit et subjectif. Bref tout ce qui fait du fanzine une « école de l’audace », créative, esthétique, collaborative… En un mot, suivez Daedelus et les projets de Samuel Étienne ! Et si votre passion est autre… faites un fanzine !

Benjamin Vannier

Sur le Web :
www.strandflat.bandcamp.com
www.seitoung.frwww.seteun.nethttps://volume.revues.org/2303
https://strandflat.bandcamp.com/merch/bricolage-radical

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