Ubutopik

Des histoires qui se vivent

Catégorie dans Musique

Le Samaïn Fest (été 2020)

Le Samain raconte une histoire pas si lointaine… Celle d’une fête Celtique qui annonçait l’arrivée de l’hiver dans des pays comme l’Irlande ou l’Écosse. Celle d’une nuit qui permettait aux vivants de retrouver leurs morts autour du feu de l’Anaon en Bretagne. Samain, Heven ou Kala Goañv… la période du 1er novembre était célébrée de cette façon dans le Finistère jusque dans le milieu du 20ème siècle. Un calendrier peu connu aujourd’hui mais qui ne s’est pas perdu pour tout le monde…

En 2011, des passionnés de musique décident de réinterpréter cette fête d’antan. Pendant un long week-end (du jeudi au samedi), ils font le pari de faire le lien entre langue, culture Bretonne… et Rock’n Roll. L’objectif ? Créer un festival pour soutenir l’école Diwan de Guipel (basée à la Méziére à cette époque). D’accord… mais avant d’aller plus loin, qu’est-ce que signifie Diwan ? « Ça veut dire La Pousse » explique Charles Castrec, l’un des organisateurs. « C’est une école laïque, gratuite et ouverte à tous, dès l’âge de deux ans. Elle pratique la pédagogie par immersion en langue Bretonne. L’État paie les salaires des enseignants contractualisés, les non-contractualisés sont pris en charge par Diwan Breizh (la Fédération des écoles). À la charge des écoles comme celle de Guipel reste le loyer, les charges et les salaires des employés non enseignants, le tout acquitté par les forfaits scolaires et les dons des particuliers et des entreprises. Nos enfants y allaient et on était beaucoup de parents à écouter du Metal. On s’est dit pourquoi pas faire des concerts ? » Presque dix ans plus tard, l’aventure continue et le concept rassemble près de 500 personnes par jour. Pour Mick, l’un des fondateurs, tout ne s’est pas fait par hasard… Mettre les pieds dans les coulisses d’une telle organisation n’est pas une première : « j’ai longtemps préparé la bouffe en festival pour les groupes et le public. Je suis allé un peu partout ! Au Samaïn, j’ai fait un peu de tout aussi… les commandes, le merch, les goodies, les flyers… mais je m’occupe principalement de la restauration. J’ai aussi mon mot à dire sur la prog. »

La programmation, c’est le domaine de Charles, qui avant de parler de son travail, n’hésite pas à mettre en avant l’implication des autres : « on a eu de l’aide dès le début. Tom des Chouch’n Molotov’ qui n’a pas hésité à prêter son matos. Théo qui a fait la sono. Brieg qui est venu avec Les Ramoneurs de Menhirs qui ont joué gratuitement. » Et côté artistes, il y eu de belles affiches ? Pas de doute ! Parmi ceux qui sont passés sur la scène de la Mézière, on retiendra quelques pointures comme Regarde les Hommes Tomber, Les Ramoneurs ou encore Loudblast : « oui, mais ce n’est pas forcément représentatif. On cherche surtout des groupes bien lancés et qui n’ont pas encore explosés », fait remarquer Charles. Pour des raisons financières (hébergement, frais kilométriques…), la majorité des formations invitées sont Françaises mais il y a eu des exceptions telle que Bölzer. « Un très bon souvenir ! Ce sont des mecs gentils. Ils sont Suisses mais l’oncle d’un des musiciens habite à la Mézière, ça a pas mal facilité les choses. » Vous l’avez compris, le Samaïn, c’est l’occasion de découvrir des artistes prometteurs… mais aussi d’écouter des groupes qui chantent en Breton (Ebel Elektrik, Anken, Mörkvlth, Belenos…). Et puis, après dix ans d’organisation, les anecdotes ne manquent pas comme ces soirs de 2011 et 2013 où Morkelvyz (dans lequel officient Charles et Mick) accepte de monter sur scène : « ah oui mais on ne le refera pas ! C’est trop compliqué de jouer et d’organiser. » Il y a aussi ce jour où le groupe Kickstarters (qui devait seulement jouer sur la terrasse d’un café) s’est vu monter sur la grosse scène du Samaïn : un désistement de dernière minute qui a fait des heureux !

Au Samaïn, il y a des concerts de Metal mais c’est loin d’être tout. Depuis quelques années, des groupes aux influences diverses, sont invités à jouer dans les cafés de la Mézière. Une programmation en journée et un partenariat local qui se consolide avec le temps. En plus de la musique, d’autres animations sont également proposées au public : des causeries en Breton, une cérémonie druidique avec La Gorsedd (assemblée officielle des Druides de Bretagne) qui est suivie d’une conférence… La décoration de la salle revêt aussi une importance toute particulière. Chaque année, elle est réalisée pour mettre en lumière des artistes telles que Wyllö Droükspered ou l’association Truc (recyclerie d’art de la Mézière). Mais avec tous ces événements au sein d’un même week-end, comment se gère la communication ? Ça, c’est le domaine de Mathias : « pour les visuels, on bosse avec un graphiste de grand talent : Xavier. C’est une bête de détails. Pour te donner une idée, les affiches des trois dernières années ont été pensées en triptyque. Moi, je fais surtout de la diffusion sur Facebook et Instagramm. La difficulté, c’est de réussir à proposer du contenu toute l’année. Avant le festival, je parle du local. Toute la communication du festival se fait en trilingue (Français, Breton et Anglais).» Charles intervient : « on peut aussi citer Erwan Largy. Il a fait les six premières affiches complètement bénévolement. »

Les bénévoles justement, il y en a… Les parents d’élèves mais aussi des gens qui prêtent main forte comme Yoann (équipe prog et responsable de la billetterie) ou Erwann Maudez : « je suis arrivé en 2015. Ce que je fais concerne plutôt le côté régie-plateau. Le backline. Je m’occupe de l’accueil des groupes, du lien entre les musiciens et les techniciens. » Et le boulot ne manque pas ! Côté logistique, de nombreux partenaires prennent part à cet événement : « c’est Eurolive qui sonorise. On ne se voit pas faire sans eux. La bière vient du Finistère, elle est brassée par Vincent Couille de Loup, un mec en or ! » précise Charles. « Et Bob, c’est une légende en Bretagne ! », s’exclame Erwann.

À part une subvention de la ville (82 €) et un prix réduit pour la location de la salle Cassiopée, le Samaïn Fest est complètement indépendant. Depuis 2011, l’équipe donne de son temps pour mettre en avant une musique qu’ils aiment au service de la sauvegarde d’une langue régionale. Après dix ans, on peut dire que le pari est réussi : « oui, le but est de financer l’école Diwan de Guipel et le pire chiffre qu’on ait fait est zéro. On est jamais descendu en dessous. Les groupes sont toujours payés mais les musiciens font souvent pas mal d’efforts » explique Mick.

Avec le virus du Covid, pas de Samaïn en 2020… mais ce n’est que partie remise ! Le rendez-vous est donné les 21-22 et 23 octobre 2021 ! Et qui sait, il y aura peut-être des nouveautés dans les années à venir ? Charles regarde Mick puis se marre : « nos enfants se sont mis à la musique et ils sont motivés pour jouer. Alors oui, ils monteront peut-être à leur tout sur la scène du Samaïn. »

Caroline Vannier

*Termes Bretons recueillis auprès de l’équipe du Samaïn Fest

Mick, Mathias, Erwann et Charles

Sur le Web :
https://www.facebook.com/festivalsamain

Garmonbozia (automne-hiver 2020)

Du haut de ses vingt-deux ans, l’association Garmonbozia est un des piliers de la scène Metal en France. Avec plus de 1000 concerts à son actif (et autant en coréalisation avec d’autres organisateurs ou salles), elle a su trouver sa place dans un secteur pourtant très concurrentiel. Qu’est-ce qui explique une telle réussite ? Comment son fondateur a-t-il pu tenir la barre quasi seul pendant quinze ans ?

Toutes les histoires ont un élément déclencheur. Un déclic qui fait qu’à un moment donné, on décide de prendre un chemin plutôt qu’un autre. Pour Fred Chouesne, il faut remonter au 13 février 1998. À cette époque, Garmonbozia n’existe même pas à l’état d’ébauche. Il est alors étudiant en BTS et décide de monter un concert comme projet de fin de diplôme : « ça se passait aux Tontons Flingueurs (ancien caf’ conc’ emblématique à Rennes) et la tête d’affiche était Enthroned, un groupe Belge. C’était complet et ça m’a motivé pour continuer. » Un début prometteur… et David Mancilla comme parrain de la soirée. Pour ceux qui ne connaissent pas le monsieur, il fut pendant un temps un acteur local très actif : guitariste chez Stormcore, créateur du fanzine Hardside Report, fondateur du label Overcome records, tourneur et organisateur de concert… David M. a fait de Rennes la capitale du Hardcore dans la décennie 90 : le Superbowl of Hardcore (à l’origine) c’est lui, les shows avec des pointures internationales (c’est lui aussi). De cette période, il reste quelques interviews (sur fanzine papier) mais sa passion, on la retrouve surtout chez tous ces gens qui continuent à faire vivre les musiques extrêmes à Rennes. Fred Chouesne est de ceux là et il ira même plus loin… Après un premier concert réussi, il crée son asso sous le nom de Heic Noenum Pax (qu’il changera par la suite pour Garmonbozia) : « j’avais un boulot qui n’était pas dans la musique et j’organisais 3 à 4 concerts par an. Je programmais surtout du Black et du Death Metal. Il faut dire qu’il y avait peu de structures organisatrices dans l’Ouest et je voulais qu’on puisse faire venir quelques groupes internationaux à Rennes. J’ai contacté directement des labels et des tourneurs comme Metallysee (qui avait fait venir en Europe notamment Slayer et Sepultura). C’est comme ça que j’ai commencé à créer des contacts.» Marduk, Cannibal Corpse, Morbid Angel, Obituary, Mayhem (pour leur première venue en France), Immortal, Dissection, Satyricon, Enslaved… Fred accueille de grosses formations : « je suis un fan avant tout. J’ai fait venir des groupes que je rêvais de voir jouer. Il y a eu bien plus tard les musiciens des Doors au Liberté et c’est un énorme souvenir d’avoir pu les rencontrer. Magma aussi, qu’on invite tous les 3-4 ans en moyenne, depuis 2000. Gong, Opeth… Il y en a d’autres mais on essaie toujours de laisser une place aux groupes locaux suivant les possibilités. » Parmi eux, on retiendra Stormcore (reformé pour les 15 ans de Garmonbozia en 2013) mais aussi Voight Kampff et Darkseid. L’asso co-organise même en 2018 la première soirée I’m From Rennes dédiée au Metal.

Production de concerts, booking, organisation et supervision de tournées… Garmonbozia investit principalement des salles à Rennes (Antipode, Ubu, Étage, Liberté…), Nantes (Stereolux, Ferrailleur…) et Paris (Petit Bain, Trianon, Olympia, Bataclan, Élysée Montmartre, La Machine / ex Locomotive…) : « les groupes hors Metal qu’on présente sont des formations que je connais bien mais on reste surtout sollicité pour des concerts Metal. On n’a pas forcément le même réseau en terme de promotion pour couvrir d’autres courants musicaux, le public s’y retrouve peut-être moins également. » Fred place aussi des groupes et des plateaux pour les festivals comme le Sylak, le Fall of Summer, le Motocultor et le Hellfest : « on se connaît depuis le début avec Ben Barbaud (fondateur du Hellfest). On lui avait proposé des groupes Metal pour diversifier sa programmation dès le FuryFest, on avait également participé au financement de la seconde édition du Hellfest. On se soutient, surtout en ce moment avec la pandémie. »

Les années défilent et Garmonbozia devient un acteur indispensable de la scène Metal dans l’hexagone mais rester sous le statut associatif est un vrai choix : «  l’association est régie par les principes généraux de la loi 1901 donc l’asso n’a pas de but lucratif. Ce n’est de toute manière pas à proprement parler une activité très rentable ! Nous essayons chaque année d’avoir des comptes équilibrés tout en rémunérant les postes qui doivent l’être. »  Et le boulot ne manque pas ! Bien au contraire : « jusqu’à une certaine période, je faisais tout seul et je prenais du retard au niveau administratif. » Aux bénévoles, deux salariés viennent seconder Fred. Clément arrive début 2020 pour la gestion de la billetterie mais Lorène intègre l’équipe bien avant : «en 2013 » précise-t-elle. « Au début, j’étais bénévole et Fred m’a appris le métier. » Présentatrice de l’émission La Crypte sur Canal B, elle n’est pas une novice dans le milieu du Metal : « oui mais je nétais pas du tout Black. J’ai un peu changé depuis que je bosse chez Garmonbozia. » Mais au fait, à quoi ressemble le métier quand on passe de l’autre côté du miroir ? « On voit moins de concert ! On est occupé toute la soirée, on a plus le temps ! », ironise-t-elle. « Non, plus sérieusement, au quotidien, on échange beaucoup. On a des contacts privilégiés dans chaque pays. Je parle Allemand et on a pas mal de tourneurs basés en Allemagne. En fait, on achète des plateaux : c’est le tourneur principal qui monte les affiches. Parfois, ils nous laissent la possibilité d’ajouter un groupe de notre choix en première partie mais ça devient de plus en plus rare alors que c’était systématique il y a une dizaine d’années. » Fred enchaîne : « oui, on bosse principalement avec des tourneurs étrangers. On passe beaucoup de temps à parler et à échanger par mail en AnglaisPratiquement tout se passe sur Internet et sur les réseaux sociaux. » L’équipe continue de faire ses propres plateaux à l’occasion de l’anniversaire de Garmonbozia, un rendez-vous devenu régulier à Rennes. Idem quand ils mettent à l’honneur des groupes comme Magma qui aurait dû jouer à l’Opéra en octobre 2020 : « on a été obligés de reporter ces deux soirées à 2021. On avait vendu les billets et les nouvelles restrictions nous imposaient de diminuer encore la jauge. C’était difficilement tenable financièrement et il n’était pas question de voir ces concerts évènements (50 ans du groupe) au rabais. » explique Fred. La Covid 19… La pandémie dure et bouleverse tout. Impossible de savoir si les concerts pourront reprendre dans quelques mois, un an ou plus : « oui, on passe notre temps à annuler ou à reporter. Ce n’est pas simple. Depuis mars, on dû faire 80 reports ou annulations. On avait pu maintenir qu’une seule date et il n’y aura sans doute pas de reprise avant le second semestre 2021. Après, on a la chance d’avoir un public fidèle. On a reçu beaucoup de messages pendant le confinement. Les gens proposent d’acheter des billets à l’avance directement auprès de nous et même de faire une cagnotte. »

En un peu plus de vingt ans, Garmonbozia est devenu un gage de qualité. Le public répond présent : « oh ! On a aussi connu des soirées difficiles ! » s’exclame Fred avec beaucoup de franchise. Sans doute mais il est bon de savoir que des organisateurs prennent encore des risques dans leur programmation. Les concerts d’Alice Cooper au Liberté et de Brant Bjork à l’Ubu n’étaient peut-être pas complets mais ceux qui ont pu y assister ne l’oublieront pas de si tôt. Idem pour tous ces artistes locaux qu’ils soutiennent depuis des années et qui ont pu monter sur des scènes comme le Hellfest.

Transparence, simplicité… et une ligne de conduite irréprochable… c’est un peu tout ça Garmonbozia ? Ah, c’est sans compter la passion… Sans elle, Fred Chouesne ne se serait sûrement pas engagé sur ce chemin. Les Doors, Depeche Mode, King Crimson, Pink Floyd, Magma, Dead Can Dance, John Coltrane, Miles Davis, Klaus Schulzeles groupes qui l’accompagnent au quotidien ne sont pas forcément Metal mais en live, il sait faire la part belle aux musiques extrêmes. Garmonbozia est paraît-il la nourriture des Dieux dans Twin Peaks… Une idée pleine de promesses… pour un public qui attend que sonne à nouveau l’heure des concerts.

Caroline Vannier

Sur le Web :
https://fr-fr.facebook.com/Garmonbozia.Inc

Cafés-Concerts

The Flying Padovanis – Mondo Bizarro (Rennes) – 2018
The Flying Padovanis – Mondo Bizarro (Rennes) – 2018
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The Fleshtones – Mondo Bizarro (Rennes) – 2014
The Fleshtones – Mondo Bizarro (Rennes) – 2014
The Fleshtones – Mondo Bizarro (Rennes) – 2014
The Fleshtones – Mondo Bizarro (Rennes) – 2014
The Dictators – Mondo Bizarro (Rennes) – 2014
The Dictators – Mondo Bizarro (Rennes) – 2014
Dernier concert Hand of Blood with guest – Mondo Bizarro (Rennes) – 2014
Dernier concert Hand of Blood with guest – Mondo Bizarro (Rennes) – 2014
Chouch’N’Molotov – La Lanterne (Rennes) – 2014
Chouch’N’Molotov – La Fontaine (Saint-Péran) – 2016
Black Mammouth – Sympathic Bar (Rennes) – 2014
Black Mammouth – Sympathic Bar (Rennes) – 2014
Volac Coldheart – Le Terminus (Rennes) – 2017
Ad Patres – Mondo Bizarro (Rennes) – 2019
The Outside – Mondo Bizarro (Rennes) – 2014
Myra Peaks – Le Marquis de Sade (Rennes) – 2018
Myra Peaks – Le Marquis de Sade (Rennes) – 2018
Madslave – Le Marquis de Sade (Rennes) – 2018
Madslave – La Fontaine de Brocéliande (Saint-Péran) – 2016
Blackbirds – Le Gazoline (Rennes) – 2014
Blackbirds – La Lanterne (Rennes) – Photo argentique
Blackbirds – Rennes – Photo argentique
Blackbirds – Rennes – Photo argentique
Black Mammouth – Mondo Bizarro (Rennes) – 2012 – Photo argentique
Black Mammouth – Mondo Bizarro (Rennes) – 2012 – Photo argentique
Mantra – La Paillotte (Rennes) – 2011 – Photo argentique
Jacta – Mondo Bizarro (Rennes) – 2011 – Photo argentique
Jacta – Mondo Bizarro (Rennes) – 2011 – Photo argentique
Hopper Noz – Mondo Bizarro (Rennes) – 2011 – Photo argentique
Hopper Noz – Mondo Bizarro (Rennes) – 2011 – Photo argentique

Concerts

Sepultura – Festival Motocultor – 2018
Sepultura – Festival Motocultor – 2018
Sepultura – Festival Motocultor – 2018
Sepultura – Festival Motocultor – 2018
Sepultura – Festival Motocultor – 2018
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Brassick – Festival Girls Disorder – Le Jardin Moderne (Rennes) – 2014
Brassick – Festival Girls Disorder – Le Jardin Moderne (Rennes) – 2014
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Franz Ferdinand – Le Liberté (Rennes) – 2018
Franz Ferdinand – Le Liberté (Rennes) – 2018
Franz Ferdinand – Le Liberté (Rennes) – 2018
Franz Ferdinand – Le Liberté (Rennes) – 2018
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Les Tambours du Bronx – L’Étage (Rennes) – 2019
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Les Tambours du Bronx – L’Étage (Rennes) – 2019
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Les Tambours du Bronx – L’Étage (Rennes) – 2019
Les Tambours du Bronx – L’Étage (Rennes) – 2019
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Pixies – Le Liberté (Rennes) – 2019
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Pixies – Le Liberté (Rennes) – 2019
Pixies – Le Liberté (Rennes) – 2019
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Pixies – Le Liberté (Rennes) – 2019
Pixies – Le Liberté (Rennes) – 2019
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Popa Chubby – Festival Motocultor – 2018
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Les Ramoneurs De Menhirs – Festival Motocultor – 2019
Les Ramoneurs De Menhirs – Festival Motocultor – 2019
Les Ramoneurs De Menhirs – Festival Motocultor – 2019
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Mass Hysteria – L’Étage (Rennes) – 2015
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Ultra Vomit – L’Étage (Rennes) – 2017

Ultra Vomit – L’Étage (Rennes) – 2017
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1000Mods – Festival Motocultor – 2019
NOFX – Festival Motocultor – 2019
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Warbringer – Festival Motocultor – 2018
Warbringer – Festival Motocultor – 2018
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Jinjer – Festival Motocultor – 2018
Nostromo – Festival Motocultor – 2018
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Lofofora – La Nouvelle Vague (Saint-Malo) – 2015
Lofofora – La Nouvelle Vague (Saint-Malo) – 201
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Lofofora – La Nouvelle Vague (Saint-Malo) – 2015
Lofofora – La Nouvelle Vague (Saint-Malo) – 2015
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Moonspell – L’Étage (Rennes) – 2019
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Moonspell – L’Étage (Rennes) – 2019
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No One is Innocent – Castel Rock Fest (Chateaugiron) – 2019
No One is Innocent – Castel Rock Fest (Chateaugiron) – 2019
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No One is Innocent – Castel Rock Fest (Chateaugiron) – 2019
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Hangman’s Chair – Festival Motocultor – 2018
Hangman’s Chair – Festival Motocultor – 2018
Hangman’s Chair – Festival Motocultor – 2018
Headcharger – L’Étage (Rennes) – 2017
Headcharger – La Nouvelle Vague (Saint-Malo) – 2015

Headcharger – L’Étage (Rennes) – 2017

Flayed – L’Étage (Rennes) – 2019
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Tagada Jones – Castel Rock Fest (Chateaugiron) – 2019
Tagada Jones – Castel Rock Fest (Chateaugiron) – 2019
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Tagada Jones – Castel Rock Fest (Chateaugiron) – 2019
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Les Tambours du Bronx – Festival Motocultor – 2018
Les Tambours du Bronx – Festival Motocultor – 2018
Les Tambours du Bronx – Festival Motocultor – 2018
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Mustash – Festival Motocultor – 2019
Comeback Kid – Festival Motocultor – 2018
Cerf Boiteux – Festival Motocultor – 2018
Cerf Boiteux – Festival Motocultor – 2018
Svart Crown – Festival Motocultor – 2018
Stoned Jesus – Festival Motocultor – 2019
Tagada Jones – L’Étage (Rennes) – 2017
Pelican – Festival Motocultor – 2018
Rotting Christ – L’Étage (Rennes) – 2019
Rotting Christ – L’Étage (Rennes) – 2019
Rotting Christ – L’Étage (Rennes) – 2019
Rotting Christ – L’Étage (Rennes) – 2019
Rotting Christ – L’Étage (Rennes) – 2019
Pigalle – Salle du Rotz (Maure de Bretagne) – 22 mars 2019
Pigalle – Salle du Rotz (Maure de Bretagne) – 22 mars 2019
Pigalle – Salle du Rotz (Maure de Bretagne) – 22 mars 2019
The Decline – L’Antipode (Rennes) – 15 septembre 2018
The Decline – L’Antipode (Rennes) – 15 septembre 2018
The Decline – L’Antipode (Rennes) – 15 septembre 2018
The Decline – L’Antipode (Rennes) – 15 septembre 2018
The Decline – L’Antipode (Rennes) – 15 septembre 2018
El Royce – Le Jardin Moderne (Rennes) – novembre 2018
Jackhammer – Le Jardin Moderne (Rennes) – novembre 2018
Jackhammer – Le Jardin Moderne (Rennes) – novembre 2018
Jackhammer – Le Jardin Moderne (Rennes) – novembre 2018

Bruno, présentateur de Punkorama et patron du Mondo Bizarro (été 2020)

« Oui, ce n’est pas un secret. Qu’est-ce que je peux te dire de plus ? Les Ramones, c’est le groupe fil conducteur de ma vie. » De la radio au bistro, il y a comme un air de Punk-Rock qui imprègne la déco, les ondes… et même dans le nom du caf’con’ Mondo Bizarro (album des Ramones de 1992). Mais pas question de s’enfermer dans un registre, Bruno soutient la musique dans sa diversité : « je me défends d’avoir cette image uniquement Punk ou Metal qui colle un peu à la peau du Mondo, je l’ai toujours conçu comme un lieu ouvert à tous les horizons musicaux ». Un discours qu’il tenait déjà dans le portrait qu’Ubutopik avait réalisé sur lui en 2012. Et c’est ce point de vu qui nous a donné envie de revenir aujourd’hui.

Créer un café concert n’est pas une histoire d’argent. Il faut avoir une sacré dose de passion et de cran pour se lancer dans cette aventure. Celle du Mondo Bizarro commence le 15 janvier 2002. Une première ? Oui, pour Bruno Perrin… mais pas pour le lieu. Sous un autre nom (la Baleine Bleue) et avec un autre patron, le 264 avenue du Général Patton accueillait déjà des groupes. Témoignage d’une époque révolue, quelques flyers perdurent sur Internet… Des visuels majoritairement signés Mass Prod : le hasard fait parfois bien les choses… il s’agit d’une association Punk-Rock.

Le Punk-Rock… Un déclic ? Plus que ça. À force d’en écouter, Bruno a envie de partager sa passion pour cette musique. Très tôt, il prend place derrière un micro : « j‘ai débuté sur Radio Savane. J’avais 14 ans. C’était avec Jacques et Luc, les créateurs de Radio Libre, une émission Punk-Rock et Ska. Après, c’est CanalB qui a pris le relais. J’ai été bénévole et salarié là-bas. Je suis passé par tous les statuts et tous les postes, de la technique à l’animation. » Avec Thibaut Boulais, Bruno est une des premières voix de cette radio associative, et ce, depuis 1984-1985. Les années ont passé mais la façon de présenter a-t-elle changé ? « Avant, mon émission – Punkorama – durait 1h30 et elle est passée à une 1h00. En fait, c’est un format qui me correspond bien. C’est du direct et je ne veux pas préparer à l’avance. Je sais juste quel morceau je vais faire écouter en premier. Dix minutes avant de partir de chez moi, je prends aussi des vinyles. » Et des disques vinyles, Bruno en a une belle collection : « oh, pas tant que ça ! Mais oui, j’ai mille albums et six cent 45 tours. Beaucoup de Punk-Rock 77, du Ska Revival, du Glam Rock des débuts 90… En groupes, j’ai aussi du classique comme les Beatles, Docteur Feel Good, Jimmy Hendrix… » Mais Internet a aussi pris le relais et le présentateur ne se prive pas de l’utiliser : « c’est la magie du web. Il y a toujours des traces de groupes obscurs qui n’ont rien sorti à l’époque. Je découvre parfois en même temps que l’émission. »

Le live. Que ce soit à la radio ou pour accompagner les groupes, Bruno le pratique depuis un bon moment. Quand il quitte son statut de salarié chez CanalB, il continue de travailler dans la musique. C’est le début des années 90 et il va apporter ce qui manque aux salles et aux musiciens de l’époque : « j’ai commencé par accompagner le groupe Post Régiment. J’ai tourné avec eux et je leur ai trouvé des dates mais les lieux où ils jouaient n’étaient pas toujours équipés en sono. J’ai fini par acheter mon propre matériel. » Derrière sa sono, Bruno rencontre pas mal de groupes mais il sillonne aussi les routes en tant que musicien. Bassiste chez les Gunners, une formation Punk-Rock qu’il crée en 1988 – avec Christophe Gendrot –, il compte pas moins de 500 concerts dans 8 pays. Idem avec les Trotskids, un groupe Rennais, référence dans les années 80. Plus jeune, il rêvait d’intégrer ce quatuor mené par les frères Septier. C’est chose faite ! Avec eux, il assure des tournées en France et à l’international.

Un bagage musical solide, des relations dans le milieu et une envie de proposer un espace de liberté aux groupes… La recette idéale pour monter un café concert ? Ça il faudra le demander à Bruno mais ce qui est sûr, c’est que le Mondo Bizarro ouvre ses portes dans un contexte très spécifique à Rennes. À cette époque, le public assiste à la fermeture de lieux implantés depuis plusieurs années : « j’ai travaillé dans des salles à Rennes comme la Fun House – un local associatif qui proposait des concerts et des espaces de répétitions – mais il a fermé en 1999. Les Tontons Flingeurs aussi (célèbre caf’conc’ à Rennes). Il y a eu, comme on dit, un creux de la vague et c’est à ce moment que j’ai ouvert le Mondo. »

Oui… et ça fait 18 ans que ça dure. De grands noms de la scène underground sont passés chez lui : The Fleshtones, The Boys, Parabellum, The Flying Padovanis… et un certain Marky,batteur des Ramones.

En presque vingt ans, le Mondo Bizarro s’est forgé une identité forte. Pour beaucoup, il est devenu une institution, un passage obligé pour les musiciens d’ici et d’ailleurs. Un lieu incontournable où se côtoient amateurs et professionnels. Le caf’con’ passe l’épreuve du temps en traçant sa route… Mais la passion et l’audace sont-elles toujours au rendez-vous ? Plus que jamais. Il en a fallu du courage pour reprendre les concerts à l’heure du Covid19. La pandémie a tué le live mais Bruno ne renonce pas. Il est le premier à relancer les concerts : port du masque obligatoire, jauge très réduite et aménagement du jardin… Il n’a pas hésité à retrousser les manches et à tenir la barre en pleine tempête. Chapeau bas, l’ami ! Une bonne moitié des visages sont cachés mais les regards ne trompent pas. Musiciens et spectateurs te remercient de ne pas abandonner. Personne ne sait de quoi les lendemains seront fait… mais le Mondo Bizarro marquera longtemps les esprits.

Caroline Vannier

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Le Superbowl of Hardcore (juillet 2020)

Moins de 48h. C’est la vitesse à laquelle l’équipe du Superbowl a vendu les billets de son dernier show. Un chiffre qui ferait rêver pas mal d’organisateurs ! Oui… et c’est loin d’être une première. En quelques années, Jo et Yvan ont su donner une véritable place à la scène Hardcore à Rennes. Pourtant, rien ne semblait gagné d’avance.

Dans la bonne vieille cité Bretonne, les associations et les groupes de Metal sont hyperactifs. Peu de salle mais une sérieuse envie de jouer et d’organiser. Mais comment ne pas perdre en visibilité ? Des concerts, il y en a toutes les semaines et les acteurs s’associent peu. Avec des partenariats quasi inexistants et une offre importante, le public se retrouve sur-sollicité et les soirées sold out se font rares… sauf pour le Hardcore.

Comme pour le Punk, les passionnés répondent présents. Des gens capables de faire des kilomètres pour voir des groupes locaux et internationaux. Aux habitués, s’ajoutent pas mal de férus de musique qui ne sont pas issus de cette scène. La raison ? La qualité des prestations live des groupes. Une bonne part d’entre eux apprennent là, devant le public et ça fait toute la différence. Le niveau, la présence, l’occupation de l’espace… Une aisance qui se joue à toutes les étapes…

Booking, enregistrement, orga, com’… Beaucoup de musiciens de Hardcore l’ont compris : pour rester libre, il faut savoir se débrouiller. Et ils sont un certain nombre à tout gérer ! Du Do it Yourself qui prend ses racines dans le Punk et qui permet de conserver une éthique dans un paysage musical souvent trop formaté. En plus d’être aux commandes des soirées, Jo et Yvan sont respectivement guitaristes chez Entertain the Terror – pour le premier – et Hard Mind – pour le second –, ils ont aussi officiés (ensemble ou séparément) dans des formations comme Ultimhate ou Hand of Blood. Musiciens, ils le sont depuis un paquet d’années ! Mais qu’est-ce qui a provoqué le déclic côté orga ? « Les premiers concerts, c’était en 2002-2003 » précise Jo. « À Rennes, je traînais pas mal dans les shows Hardcore fin 90′ dans des lieux comme les Tontons Flingueurs, l’Antipode et la PyramideCertains de ces lieux ont fermé et l’asso qui organisait le Superbowl (avant nous) s’est arrêtée. Le public n’était plus là. On l’a regagné au fur et à mesure ». « Oui, on est passé par mon oncle qui connaissait les fondateurs du Superbowl (dans les années 90) » enchaîne Yvan. « On leur a demandé si on pouvait reprendre le nom et ils nous ont tout de suite encouragé. La première édition s’est montée avec des groupes qu’on connaissait.» La première édition ! 600 personnes à l’Antipode en 2014 : Merauder, Get the Shot, Backfire, Born from Pain… Dix groupes au total. « On a le record des ventes de bières en une soirée », clame Jo.

Sous les associations Face to Face et Kob, Jonathan Guyot et Yvan Travers proposent des rendez-vous réguliers comme le Summerbowl au Jardin Moderne, le Superbowl et les Minibowl qui prennent place dans des caf’con’ de la ville (Ty Anna Tavarn, Mondo Bizarro, Marquis de Sade…). Ils font presque tout à deux : « on s’occupe de la gestion et de la programmation mais on a pas mal de monde qui gère sur place, pendant les concerts. » Ici et là, on retient des prénoms comme Mégane qui est souvent aux entrées ou encore Mathieu qui s’occupe de la comptabilité. « Il y a aussi pas mal de boulot au catering. C’est Ben qui s’en charge quand il est dispo ou Mika qui encadre la partie bouffe », précisent les deux musiciens. Et ça tourne ! Depuis 2004, ils ont fait jouer près de 700 groupes. Des formations Hardcore de tout horizon avec quelques exceptions : « on a fait de tout. Du rap, du folk… Et on ne regrette rien ». Et leur plus grosse fierté ? « Oh, là ! Pas simple, il y en a tellement ! Je dirai All out war Extreme Noise Terror et Harm’s Way » précise Jo. « All out war, c’est sûr ! Et sinon, Stormcore et Bent Life » poursuit Yvan.

Avec une telle prog, on pourrait croire que l’asso touche des aides… mais non, et tout est géré 100 % bénévolement. Hormis la vente des billets et les dons du public, ils ne reçoivent rien. Si la trésorerie manque, ils mettent de leur poche mais pour eux, pas question de troquer leur indépendance : « on ne se voit pas critiquer le système et toucher de l’argent. On a aucune subvention et on ne cherche pas à en avoir. Après, on organise dans des salles qui sont subventionnées comme le Jardin Moderne, on l’est donc forcément indirectement mais on veut l’être le moins possible ».

Des potes qui se connaissent depuis un moment, une passion qui ne s’érode pas avec le temps et une envie de défendre une scène libre et honnête… On pourrait s’arrêter là mais c’est sans compter l’actualité ! La culture est ébranlée depuis mars 2020 et personne ne peut dire ce qui va se passer dans les mois à venir. L’épidémie de la Covid19 a tout éteint et les quelques concerts qui ont lieu se font en jauge très restreinte et avec port du masque obligatoire. Exit les live tel qu’on les connaît ! « On a annulé quatre concerts. On organise une soirée en juillet au Mondo (l’argent sera reversé au bar) mais toutes les places sont déjà vendues. On a repoussé pas mal à l’année prochaine ! 2020 sera tranquille, on en a profité pour booker la prog du Superbowl qui aura lieu le 2 et 3 juillet 2021 au Jardin Moderne. Après c’est sûr, il va y avoir un impact de fou pour tout le monde dans le milieu : les tourneurs, les intermittents, les musiciens… » explique Jo. Yvan, secoue la tête et ajoute : « c’est n’importe quoi ! Je ne comprends pas les lois du gouvernement. Ils veulent bien que les gens se massent dans le métro pour aller bosser mais on ne peut pas se retrouver dans les concerts.»

Oui, le contexte est hors norme mais le spectacle vivant compte de belles forces qui ne laisseront pas le live tomber aux oubliettes. Pour sûr, ces deux-là n’abandonneront pas ! Et ils savant qui remercier pour ça : « respect à Fred Chouesne de Garmonbozia et David Mancilla. Merci à eux. Ce sont des modèles d’humilité pour nous. Tu sais, j’ai assisté au premier concert de Fred, c’était son projet de BTS. Il m’a aussi fait jouer quand je démarrai mon groupe. C’était à la MJC Pyramide et je crois même que c’est là que j’ai rencontré Bruno (Mondo Bizarro) qui faisait le son. » Le mot de la fin ? « Continuer à jouer dans des groupes, faire des concerts, monter des asso… Ne rien lâcher. Et merci aux gens comme toi qui continuent de faire des fanzines et des interviews. »

Caroline Vannier

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Catherine, un regard sur la scène Rennaise (juin 2020)

Rennes, en quelques mots ? « Sa culture, sa taille à échelle humaine et surtout sa musique », répond Catherine sans hésitation. Il faut dire que la cité Bretonne, elle la connaît depuis un moment : « je suis née ici. Après, j’ai vécu 18 ans dans un petit village pas loin. Et comme pas mal de monde, j’y suis revenue pour mes études. » Alors, le jour où elle franchit le pas pour devenir attachée de presse, le faire depuis Rennes a du sens. Certains diront qu’à l’heure des réseaux sociaux, s’établir dans un lieu précis est superflu mais pas pour Catherine : « j’aime bien bosser avec des groupes Rennais parce qu’on a le temps de se voir, de passer du temps ensemble, de tisser des liens. C’est moins facile quand je travaille avec des groupes qui habitent plus loin, le travail se fait de la même façon mais il manque quelque chose. »

Catherine écoute du rock : « David Bowie, Joy Division, Led Zeppelin, The Stooges… J’ai eu une platine vinyle assez tard et j’ai eu envie, dans un premier temps, de redécouvrir les grands classiques du rock quand on me l’a offerte. Quand tu pars de zéro vinyle, tu ressens un énorme plaisir à aller à la chasse aux albums cultissimes pour toi. » Passionnée de musique, elle l’est… mais ce métier, elle ne l’a pas choisi tout de suite. À 37 ans, elle décide de tout plaquer. Un changement d’orientation professionnelle radical : « pendant 15 ans, j’ai fait des sites Internet et je ne voulais plus continuer. Je passais mon temps devant mon ordi à « pisser » du code, comme on dit et le milieu dans lequel j’évoluais n’était pas en adéquation avec mes convictions. J’ai réalisé un bilan de compétences mais c’est en intégrant des équipes de festivals, en commençant à écrire pour Rennes Musique et en rencontrant des gens que jai pensé à attachée de presse. En y réfléchissant, c’est allé assez vite. Tout s’est accéléré quand j’ai interviewé City Kay lors de leur concert aux Trans Musicales, pour Rennes Musique justement. Un des membres du groupe – Yoann Minkoff – sortait un album et ça a commencé comme ça. J’ai quitté mon boulot et je me suis lancée. C’est grâce à lui que tout a commencé. Son album Black & White Blues est magnifique, il m’a ouvert des portes dès le début.»

Mais en quoi consiste ce métier ? Comment se construit un réseau ? Catherine s’occupe de faire connaître les groupes auprès des médias : radios, journaux, webzines, TV locales et nationales… Mais sans carnets d’adresses, impossible d’entrer en contact avec les bonnes personnes… et il y a encore quelques années, elle n’était pas du tout dans le milieu. Elle est pourtant parvenue à se faire une place en peu de temps : « quand j’ai voulu travailler dans la musique, j’ai été bénévole presque partout à Rennes. Je me suis construite un réseau assez vite. Aujourd’hui, je continue seulement avec le Grand Soufflet et l’Antipode. » Et après ? Qu’est-ce qui fait la différence ? Catherine est rigoureuse, efficace et surtout, elle parle bien des musiciens qu’elle défend. Aujourd’hui, sous le nom de These Days, elle travaille avec le festival I’m From Rennes, quelques labels et 4 à 5 groupes par mois… Pas mal de formations rock qui ont eu leur place dans les pages de Rock&Folk, sur le site de la Grosse Radio et même chez De Caunes sur France Inter. Pour en arriver là, elle a acquis une très bonne connaissance du milieu musical Rennais en tant que bénévole mais aussi en étant elle-même « journaliste »…

Catherine écrit pour Rennes Musique, un blog qui fait la part belle à la scène locale. Empruntant le nom de l’ancien disquaire emblématique de la rue Maréchal Joffre, le site traite de l’actualité de ceux qui font la musique : des portraits, des interviews d’artistes mais pas que… À travers les rubriques Comptoir et Label d’été, c’est une ouverture à tout un univers musical dont on ne parle pas forcément : « pendant deux saisons, on l’a fait avec les cafés concerts. Idem pour les labels et c’est fou tout ce qui existe. » Un chantier qu’elle partage avec Anthony B. (le fondateur). Des passionnés qui sont là pour donner un coup de projecteur sur ce qui se passe à Rennes. Depuis cinq ans, certains d’entre eux animent même en parallèle l’émission radio Purple Rennes. Un format hebdo, le mercredi, de 19h à 20h, sur CanalB. Aux commandes ? Catherine, Romain et Benjamin. Toutes les semaines, ils brossent le portrait d’un groupe du coin qui joue toujours en live. Là aussi, il y a un gros boulot de la part de Catherine, c’est elle qui est à la programmation et qui cherche des groupes chaque semaine. Et d’ailleurs, passer derrière le micro, ça se passe comment ? « Je n’avais jamais fait de radio. Quand on te tend un micro au tout début et qu’on te dit, allez vas-y, c’est pas évident. Mais au fur et à mesure des émissions, tu prends tes marques, tu apprends à poser ta voix. » Au total, entre Purple Rennes et Rennes Musique, les souvenirs s’accumulent : « Slift, un de mes coups de cœur mon tout dernier concert avant le confinement. Frustration aussi. Discuter des heures et des heures avec Laeticia Sheriff. Sleaford Mods, une des interviews les plus compliquée à retranscrire. Et bien sûr Dominic Sonic, l’interview qui restera pour moi la plus marquante et le plus beau moment. Il avait tellement à raconter qu’on a poursuivi la discussion dans un bar, après l’avoir reçu dans l’émission. Il y a les spéciales aussi comme Purple Grignou. On l’a fait une fois, l’année dernière, c’est un mix entre nous et la plus vieille émission de CanalB. On croise pas mal d’animateurs tous les mercredis et on a pas le temps de se parler, faire une émission commune permet de passer du temps ensemble. Il y a quelques jours, on a réédité l’expérience avec Metal Injection. Avec l’épidémie de Covid, on a pas eu accès au studio, on a donc investi le Marquis de Sade. »

Pour beaucoup, Rennes a perdu de sa splendeur musicale. Que reste-il des vestiges des années 70-80 ? Peut-on encore l’appeler ville Rock ? Pour Catherine, la question ne se pose pas : « il y a de la diversité. Je découvre toujours de nouveaux groupes. Impossible de s’ennuyer.»

Caroline Vannier

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Big Steph, une des mémoires de la scène punk rock alternative (mars 2018)

Big Steph, on le remarque ! Il a une tronche de rockeur et une carrure à bosser dans la sécu. Un gars qui n’hésite pas à dire ce qu’il pense et qui reste fidèle à son ancrage musical. La musique ? Il a mis le pied dedans tout jeune. Très tôt, il suit ses cousins et découvre la scène punk rock des années 80. Avec des groupes comme Les Rats et Parabellum, il rencontre des gens écorchés, libres et impliqués. L’énergie qu’ils dégagent, il va vouloir la partager. C’est comme ça, qu’il organise ses premiers concerts. Tout d’abord avec des potes, et puis tout seul quand il monte sa propre affaire en Bourgogne : « j’ai eu un bar de début 1991 à 1993, dans le trou du cul du monde. J’avais 21 ans. Je faisais ma prog, je sélectionnais moi-même les groupes ». Il jette un coup d’œil aux affiches près du bar : « à l’époque, pour la com’, on se démerdait autrement : on faisait des pochoirs et des collages. Et après, on passait tout à la photocopieuse. Je crois que j’ai encore des affiches chez moi.»

Big Steph prend ses valises et arrive à Rennes en 1997. Pendant un an, il bosse au Sympatic Bar (en 1998), puis enchaîne des postes à la sécu des salles de concert entre 1999 et 2003. En 1999, il participe même à l’orga du Festival des Résistances « on avait fait des souscriptions grâce au dessin de Vuillemin – créé gratuitement -, ce qui nous a permis de faire des t-shirts et affiches du festoche. Grâce à ça, on a eu des fonds pour pouvoir faire le festival et surtout aussi grâce à Eric Lacote, chanteur des Dileurs, qui avait un très bon carnet d’adresses avec beaucoup de gros groupes comme Zebda, Tryo, Flor del fango…. » En 2002, il entre au Mondo Bizarro, il y restera 16 ans : « au début, j’ai fait de la sécu pour le Mondo sur des grosses dates comme UK Subs, The Vibrators… Et puis, j’ai vu que Bruno était emmerdé, il avait plus de barmans. En mars 2003, j’attaquais le bar. »

Derrière son comptoir, il en a vu des groupes : « ça m’a permis de revoir des connaissances comme Pat Kebra, Géant Vert. » Il évoque aussi, ses potes, ceux qu’ils n’oublient pas « Parabellum, Les Rats… c’est la famille. Schultz, Sven et Patrick Lemarchant… Les mecs, je les ai connus à 15 ans. » Les souvenirs de concerts défilent, on parle d’un soir, à la salle de l’Étage où Schultz – chanteur de Parabellum disparu en 2014 – le salue du haut de la scène. Stéphane est au beau milieu du public, il dépasse tout le monde d’une bonne tête et répond d’un geste amical à son pote : « … c’était mon grand frère », lâche-t-il le regard absent.

Aux côtés de Bruno, Big Steph a aussi vu évoluer des acteurs de la scène locale : « Jo – de l’asso Face to Face – je l’ai connu tout jeune. Il met de sa poche, parfois il se casse la gueule mais il recommence. » Et puis, la conversation s’étoffe, les anecdotes fusent… Big Steph pose ses coudes sur le comptoir et confie : « Oh là ! Les Fishbone ! Il y avait 240 personnes là-dedans, le 15 août. Je me rappelle, c’était Nico de Tagada qui faisait le son. » Le temps de servir à boire à des clients et il revient : « Il y a aussi eu des casse-couilles comme The Distillers en 2002. Ils sont arrivés à la bourre et ils ont joué les stars. »

Big Steph est une des mémoires de la scène punk rock alternative. Dans quelques années, on le verra peut-être à la sécu d’une salle de concert ou derrière le comptoir d’un autre bar à Rennes. Mais ce qui est sûr, c’est que des histoires, il en a en réserve : entre deux services, il pourra lâcher deux ou trois anecdotes sur la scène d’aujourd’hui et d’hier. Et un rêve fou, il en a un ? : « J’aime bien faire la bouffe… Avec ma femme, on aimerait bien ouvrir des chambres d’hôtes à thèmes. » Le punk rock ne meurt jamais. Une devise que Stéphane n’a pas besoin de dire, il la porte en lui.

Caroline VANNIER

Jack, animateur et fondateur de l’émission Rennes to the Hills (février 2020)

Pas facile d’avoir un véritable avis sur la musique. En dehors du simple « j’aime » , « j’aime pas », avancer un argument qui tient la route n’est pas une évidence pour tout le monde. On met toujours de soi dans un jugement mais une opinion construite donne de la valeur à une critique. D’accord… mais la musique a-t-elle besoin des autres pour exister ? Oui… Sauf cas très particuliers, un morceau a vocation à être partagé et savoir en parler met en valeur le travail des groupes. Jack est de ces passeurs. Un passionné, devenu un intermédiaire entre le public et les artistes. Animateur chez Rennes to the Hills depuis presque sept ans, il repère, décortique mais surtout participe à la découverte de musiciens issus de la scène professionnelle et amateur. Mais qu’est-ce qui l’a mené à faire de la radio ? Semaine après semaine, comment prépare-t-il ses émissions ?

Il y a forcément un début à tout. Pour Jack, le virus de la musique l’a pris très tôt : « la première claque, c’était avec Discovery de Daft Punk. J’avais emprunté le C.D. à la bibliothèque et j’écoutais en boucle le morceau Aerodynamic. Après, j’ai eu ma période Neo-Metal mais dès 13 ans, j’ai commencé à m’intéresser au Death Melodique avec le groupe Suédois Soilwork. À cette époque, Lordi jouait aussi à l’Eurovision et j’ai trouvé ça fou qu’ils gagnent.» L’enfance façonne de bien des manières… De cette période, il retient ses découvertes musicales mais aussi un surnom qu’il porte aujourd’hui à la radio : « mon vrai prénom est Mathieu mais on m’appelle Jack depuis que j’ai dix ans. »

Pour en parler, écouter de la musique est essentiel… mais pour la comprendre, faut-il savoir en jouer ? Disons que ça peu aider… « J‘ai fait de la guitare. C’était pas du Metal mais plutôt de l’Alternatif. Le groupe n’a pas tenu, on s’est séparé parce qu’on partait tous faire nos études ailleurs. C’est à ce moment que j’ai commencé la radio », explique Jack. Il débute comme chroniqueur sur le temps du midi pendant une saison mais très vite, il monte son propre projet : «  il n’y avait pas d’émission dédiée au Metal à la Fac, j’ai déposé une demande et c’est comme ça que Rennes to the Hills a démarré. C‘est à cette période que j’ai rencontré Swann du groupe Hipskör. Il a fait partie de la première équipe de Rennes to the Hills avec Clément, Anaïs et Pablo.» Musicien et présentateur ? Et oui, en coulisses ou dans les salles de concert, les rôles se mêlent : les acteurs de la scène locale portent parfois plusieurs casquettes.

Après toutes ces années, la motivation est-elle toujours la même ? Comment se prépare une émission hebdomadaire ? « On est en direct le mardi soir, de 21h00 à 22h00. On arrive vers 20h30 mais je t’avoue qu’on privilégie une ambiance détendue. J’ai toujours insisté pour qu’on se fasse plaisir et que tout le monde participe, y compris la personne qui gère la technique. Il a son micro et il intervient quand il veut. » N’empêche, quand on les écoute, on se rend compte que les chroniqueurs maîtrisent parfaitement leurs domaines : « j’ai toujours voulu taper large dans les styles de Metal. On passe des trucs qu’on aime bien, même si c’est pas récent. On parle aussi des groupes et des asso locales. » Et c’est du boulot… Rennes to the Hills ne prend quasi pas de vacances : « l‘été, c’est une période riche en actualités. On peut pas passer à côté. Il y a les festivals à couvrir comme le Hellfest et le Motocultor. On va sur place pour les interviews. Après, en dehors des gros festivals, on sort peu du studio. On a quand même déjà fait 8 heures de live pour l’anniversaire du Mondo Bizarro. Un très bon souvenir mais techniquement, c’était compliqué. »

Jack a une très large connaissance du monde de la musique. Il va voir pas mal de concert mais il bosse aussi en tant que Runner Artiste, Merch Guy et Roadie. Un taf complet qui oblige à être sur tous les fronts : du merch, au matos, en passant par la conduite… Il a commencé comme bénévole et puis, un jour, Rage Tour l’a contacté pour accompagner un groupe en tournée : « Columbine, du rap. Rien à voir avec le Metal mais j’ai vraiment adoré. On est parti 4 mois et on a traversé pas mal de pays. Je repars en mars avec The Lords of Altamont

Jack sait parler des musiciens. Un animateur curieux qui a les yeux qui brillent quand il évoque les groupes qu’il soutient : des formations – pour la plupart – issues de la scène Metal, Rock et Alternative.

La musique…

Une passion qu’il a su garder intacte depuis ses 13 ans. C’est beau ça… et plutôt rare ! N’hésitez pas à l’écouter ! Rennes to the Hills, ça se passe tous les mardis soirs avec Jack, Julien, Vincent, Elisa, Pierre et Elliot.

Caroline Vannier

Sur le Web :
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Kemar, chanteur de No One is Innocent

No One is Innocent est un groupe emblématique des années 90. Des textes engagés, un son neuf, une énergie qui explose sur scène… À une époque où la fusion est reine, ils font un démarrage remarqué. Ils ont à peine vingt ans quand ils sont programmés aux Transmusicales de Rennes en 1993 (deux ans après Nirvana). Après ça, tout s’accélère… L’année suivante, ils signent leur premier album : No One is Innocent puis l’excellent Utopia en 1997. Deux réussites qui allient maîtrise technique et renouveau artistique : « La Peau » et « Nomenklatura » sont des morceaux si percutants qu’ils resteront d’actualité pour au moins les vingt années à venir. Mais quand on a connu de tels débuts, comment continuer à se construire en tant que musicien ? En 2019, le groupe est toujours là, assumant deux vies. À part Kemar (au chant), les membres de No One ont changé de visages mais le line up actuel est le même depuis quinze ans. Une stabilité qui aboutit aux très bons Frankenstein et Propaganda. Guitares en avant, ambiance rageuse… L’efficacité des riffs et de la rythmique portent avec authenticité les textes de Kemar. Une approche sans concession qui prend tout son sens en live. Et il est vrai que le frontman ne lâche rien, plus que jamais fidèle à ses engagements. Une ligne de conduite qui contribue à renforcer l’identité forte de No One. Mais qu’est-ce qui fait que la passion est toujours là ? Comment cultiver cette énergie sur scène ? Le samedi 9 novembre 2019, quelques heures avant son concert à Chateaugiron, Kemar a accepté de répondre à une dizaine de questions. Un entretien court mais qui apporte de belles réponses. La parole est donnée à un artiste indépendant qui trace sa route.

1 – Pas de musique sans message politique ?
Non, pas forcément. C’est pas parce que l’image de ton groupe est très engagée dans le texte que tu ne dois faire que ça. C’est aussi une bouffée d’oxygène de faire autre chose. Dans Frankenstein, il y a par exemple la chanson « Ali »: on prend beaucoup de plaisir à la jouer sur scène.

2 – Toujours fans des Sex Pistols ?
Ouais, ça reste un groupe important. Notre groupe vient de là (le nom du groupe est le titre d’un single des Sex Pistols). On aime le côté foutraque des Pistols mais on est plus dans la veine de The Clash pour la carrière. Les Pistols, ils ont marqué l’histoire ! Ils ont quand même sorti un album intemporel.

3 – Le son studio de Nomenklatura sur Utopia est très spécifique. De quelle façon la jouez-vous sur scène ? Comment l’abordez-vous à deux guitares ?
Il y a toujours une boucle derrière et une guitare qui reproduit le plus fidèlement possible le son de cette cithare électrique : celle qu’on avait utilisé pour l’enregistrement. L’idée est de rester le plus proche possible de l’originale.

4Sur vos derniers albums, le son est plus brut, plus incisif. Comment travaillez-vous aujourd’hui ? Quel est le point de départ d’une compo ?
Le groupe est stable depuis quinze ans. À part Popy à la guitare, ce sont les mêmes personnes. Cette stabilité, c’est aussi ce qui fait la force des deux derniers albums. On a essayé beaucoup de choses. Il y a un album qui a un peu moins marché que les autres mais ça nous a permis d’avancer. On s’est toujours demandé ce qui est bon pour le groupe : on se retrouve autour de ça.

5 – À l’international avec des groupes comme Nirvana, Rage Against the Machine ou encore Snot… En France avec vous, Lofofora, Silmarils, Mass Hysteria… Dans les années 90, la fusion et le grunge explosaient. Vingt-cinq ans après, quel regard portez-vous sur ces années ?
C’était des années géniales. Une créativité hors du commun en terme de son, d’attitude, de textes… La musique, c’est cyclique. Cette période, elle révoltait, elle enthousiasmait.

6 – Tes textes sont clairs, engagés et sans concession. Est-ce que tu penses à ta façon de les interpréter en les écrivant ?
Oui, clairement. Ça va de paire. C’est un gros travail d’écrire en Français. Tout doit être cohérent. J’écris des textes seul et avec mon pote Emmanuel de Arriba. Il faut absolument le citer, c’est quelqu’un d’important pour moi. L’écriture, c’est une étape exigeante et tant mieux. Il faut que la musique nous raconte une histoire.

7 – Techniquement, la chanson La Peau est un régal en terme de ruptures et de contretemps. Est-ce que vous vous permettez d’improviser certains passages en live ?
Non, c’est un morceau qui se suffit. Depuis un moment, il y a quand même une extension en concert mais c’est tout.

8 – La jeunesse emmerde le Front National, c’est encore vrai aujourd’hui ?
On s’en fout si c’est vrai ou pas. Pour nous, ce sont nos pires ennemis. Les Le Pen, ce sont des gens qui existent toujours mais on oublie qu’ils sont aux portes du pouvoir. Aujourd’hui, la jeunesse s’est scindée en deux. Certains s’impliquent dans l’écologie et c’est très bien mais il ne faut pas oublier les autres combats.

9 – En juin 2015 sort l’album Propaganda avec le titre Charlie. Le 13 novembre, la salle du Bataclan est frappée par les attentats. Le 30 novembre, vous faîtes un concert spécial avec Coco (dessinatrice chez C.H.) et Marika Bret (journaliste chez C.H.). Qu’est-ce qui se passe à ce moment-là ? En terme d’écriture, comment trouver les mots justes pour combattre l’impensable ?
On s’est dit que si on écrivait pas une chanson à ce moment-là, c’était une faute professionnelle. On se devait d’être là.

10 – Reuno s’en va, Kemar arrive… Vos impressions sur les premiers concerts du Bal des Enragés ?
C’est l’extase. C’est un joyaux ce collectif ! Une bande de gars sans égaux qui jouent leur son pour les autres. Hier, c’était la dernière de l’année et c’était émouvant. Je peux te l’assurer, on a eu du mal à se quitter.