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Le Samaïn Fest (été 2020)

Le Samain raconte une histoire pas si lointaine… Celle d’une fête Celtique qui annonçait l’arrivée de l’hiver dans des pays comme l’Irlande ou l’Écosse. Celle d’une nuit qui permettait aux vivants de retrouver leurs morts autour du feu de l’Anaon en Bretagne. Samain, Heven ou Kala Goañv… la période du 1er novembre était célébrée de cette façon dans le Finistère jusque dans le milieu du 20ème siècle. Un calendrier peu connu aujourd’hui mais qui ne s’est pas perdu pour tout le monde…

En 2011, des passionnés de musique décident de réinterpréter cette fête d’antan. Pendant un long week-end (du jeudi au samedi), ils font le pari de faire le lien entre langue, culture Bretonne… et Rock’n Roll. L’objectif ? Créer un festival pour soutenir l’école Diwan de Guipel (basée à la Méziére à cette époque). D’accord… mais avant d’aller plus loin, qu’est-ce que signifie Diwan ? « Ça veut dire La Pousse » explique Charles Castrec, l’un des organisateurs. « C’est une école laïque, gratuite et ouverte à tous, dès l’âge de deux ans. Elle pratique la pédagogie par immersion en langue Bretonne. L’État paie les salaires des enseignants contractualisés, les non-contractualisés sont pris en charge par Diwan Breizh (la Fédération des écoles). À la charge des écoles comme celle de Guipel reste le loyer, les charges et les salaires des employés non enseignants, le tout acquitté par les forfaits scolaires et les dons des particuliers et des entreprises. Nos enfants y allaient et on était beaucoup de parents à écouter du Metal. On s’est dit pourquoi pas faire des concerts ? » Presque dix ans plus tard, l’aventure continue et le concept rassemble près de 500 personnes par jour. Pour Mick, l’un des fondateurs, tout ne s’est pas fait par hasard… Mettre les pieds dans les coulisses d’une telle organisation n’est pas une première : « j’ai longtemps préparé la bouffe en festival pour les groupes et le public. Je suis allé un peu partout ! Au Samaïn, j’ai fait un peu de tout aussi… les commandes, le merch, les goodies, les flyers… mais je m’occupe principalement de la restauration. J’ai aussi mon mot à dire sur la prog. »

La programmation, c’est le domaine de Charles, qui avant de parler de son travail, n’hésite pas à mettre en avant l’implication des autres : « on a eu de l’aide dès le début. Tom des Chouch’n Molotov’ qui n’a pas hésité à prêter son matos. Théo qui a fait la sono. Brieg qui est venu avec Les Ramoneurs de Menhirs qui ont joué gratuitement. » Et côté artistes, il y eu de belles affiches ? Pas de doute ! Parmi ceux qui sont passés sur la scène de la Mézière, on retiendra quelques pointures comme Regarde les Hommes Tomber, Les Ramoneurs ou encore Loudblast : « oui, mais ce n’est pas forcément représentatif. On cherche surtout des groupes bien lancés et qui n’ont pas encore explosés », fait remarquer Charles. Pour des raisons financières (hébergement, frais kilométriques…), la majorité des formations invitées sont Françaises mais il y a eu des exceptions telle que Bölzer. « Un très bon souvenir ! Ce sont des mecs gentils. Ils sont Suisses mais l’oncle d’un des musiciens habite à la Mézière, ça a pas mal facilité les choses. » Vous l’avez compris, le Samaïn, c’est l’occasion de découvrir des artistes prometteurs… mais aussi d’écouter des groupes qui chantent en Breton (Ebel Elektrik, Anken, Mörkvlth, Belenos…). Et puis, après dix ans d’organisation, les anecdotes ne manquent pas comme ces soirs de 2011 et 2013 où Morkelvyz (dans lequel officient Charles et Mick) accepte de monter sur scène : « ah oui mais on ne le refera pas ! C’est trop compliqué de jouer et d’organiser. » Il y a aussi ce jour où le groupe Kickstarters (qui devait seulement jouer sur la terrasse d’un café) s’est vu monter sur la grosse scène du Samaïn : un désistement de dernière minute qui a fait des heureux !

Au Samaïn, il y a des concerts de Metal mais c’est loin d’être tout. Depuis quelques années, des groupes aux influences diverses, sont invités à jouer dans les cafés de la Mézière. Une programmation en journée et un partenariat local qui se consolide avec le temps. En plus de la musique, d’autres animations sont également proposées au public : des causeries en Breton, une cérémonie druidique avec La Gorsedd (assemblée officielle des Druides de Bretagne) qui est suivie d’une conférence… La décoration de la salle revêt aussi une importance toute particulière. Chaque année, elle est réalisée pour mettre en lumière des artistes telles que Wyllö Droükspered ou l’association Truc (recyclerie d’art de la Mézière). Mais avec tous ces événements au sein d’un même week-end, comment se gère la communication ? Ça, c’est le domaine de Mathias : « pour les visuels, on bosse avec un graphiste de grand talent : Xavier. C’est une bête de détails. Pour te donner une idée, les affiches des trois dernières années ont été pensées en triptyque. Moi, je fais surtout de la diffusion sur Facebook et Instagramm. La difficulté, c’est de réussir à proposer du contenu toute l’année. Avant le festival, je parle du local. Toute la communication du festival se fait en trilingue (Français, Breton et Anglais).» Charles intervient : « on peut aussi citer Erwan Largy. Il a fait les six premières affiches complètement bénévolement. »

Les bénévoles justement, il y en a… Les parents d’élèves mais aussi des gens qui prêtent main forte comme Yoann (équipe prog et responsable de la billetterie) ou Erwann Maudez : « je suis arrivé en 2015. Ce que je fais concerne plutôt le côté régie-plateau. Le backline. Je m’occupe de l’accueil des groupes, du lien entre les musiciens et les techniciens. » Et le boulot ne manque pas ! Côté logistique, de nombreux partenaires prennent part à cet événement : « c’est Eurolive qui sonorise. On ne se voit pas faire sans eux. La bière vient du Finistère, elle est brassée par Vincent Couille de Loup, un mec en or ! » précise Charles. « Et Bob, c’est une légende en Bretagne ! », s’exclame Erwann.

À part une subvention de la ville (82 €) et un prix réduit pour la location de la salle Cassiopée, le Samaïn Fest est complètement indépendant. Depuis 2011, l’équipe donne de son temps pour mettre en avant une musique qu’ils aiment au service de la sauvegarde d’une langue régionale. Après dix ans, on peut dire que le pari est réussi : « oui, le but est de financer l’école Diwan de Guipel et le pire chiffre qu’on ait fait est zéro. On est jamais descendu en dessous. Les groupes sont toujours payés mais les musiciens font souvent pas mal d’efforts » explique Mick.

Avec le virus du Covid, pas de Samaïn en 2020… mais ce n’est que partie remise ! Le rendez-vous est donné les 21-22 et 23 octobre 2021 ! Et qui sait, il y aura peut-être des nouveautés dans les années à venir ? Charles regarde Mick puis se marre : « nos enfants se sont mis à la musique et ils sont motivés pour jouer. Alors oui, ils monteront peut-être à leur tout sur la scène du Samaïn. »

Caroline Vannier

*Termes Bretons recueillis auprès de l’équipe du Samaïn Fest

Mick, Mathias, Erwann et Charles

Sur le Web :
https://www.facebook.com/festivalsamain

Garmonbozia (automne-hiver 2020)

Du haut de ses vingt-deux ans, l’association Garmonbozia est un des piliers de la scène Metal en France. Avec plus de 1000 concerts à son actif (et autant en coréalisation avec d’autres organisateurs ou salles), elle a su trouver sa place dans un secteur pourtant très concurrentiel. Qu’est-ce qui explique une telle réussite ? Comment son fondateur a-t-il pu tenir la barre quasi seul pendant quinze ans ?

Toutes les histoires ont un élément déclencheur. Un déclic qui fait qu’à un moment donné, on décide de prendre un chemin plutôt qu’un autre. Pour Fred Chouesne, il faut remonter au 13 février 1998. À cette époque, Garmonbozia n’existe même pas à l’état d’ébauche. Il est alors étudiant en BTS et décide de monter un concert comme projet de fin de diplôme : « ça se passait aux Tontons Flingueurs (ancien caf’ conc’ emblématique à Rennes) et la tête d’affiche était Enthroned, un groupe Belge. C’était complet et ça m’a motivé pour continuer. » Un début prometteur… et David Mancilla comme parrain de la soirée. Pour ceux qui ne connaissent pas le monsieur, il fut pendant un temps un acteur local très actif : guitariste chez Stormcore, créateur du fanzine Hardside Report, fondateur du label Overcome records, tourneur et organisateur de concert… David M. a fait de Rennes la capitale du Hardcore dans la décennie 90 : le Superbowl of Hardcore (à l’origine) c’est lui, les shows avec des pointures internationales (c’est lui aussi). De cette période, il reste quelques interviews (sur fanzine papier) mais sa passion, on la retrouve surtout chez tous ces gens qui continuent à faire vivre les musiques extrêmes à Rennes. Fred Chouesne est de ceux là et il ira même plus loin… Après un premier concert réussi, il crée son asso sous le nom de Heic Noenum Pax (qu’il changera par la suite pour Garmonbozia) : « j’avais un boulot qui n’était pas dans la musique et j’organisais 3 à 4 concerts par an. Je programmais surtout du Black et du Death Metal. Il faut dire qu’il y avait peu de structures organisatrices dans l’Ouest et je voulais qu’on puisse faire venir quelques groupes internationaux à Rennes. J’ai contacté directement des labels et des tourneurs comme Metallysee (qui avait fait venir en Europe notamment Slayer et Sepultura). C’est comme ça que j’ai commencé à créer des contacts.» Marduk, Cannibal Corpse, Morbid Angel, Obituary, Mayhem (pour leur première venue en France), Immortal, Dissection, Satyricon, Enslaved… Fred accueille de grosses formations : « je suis un fan avant tout. J’ai fait venir des groupes que je rêvais de voir jouer. Il y a eu bien plus tard les musiciens des Doors au Liberté et c’est un énorme souvenir d’avoir pu les rencontrer. Magma aussi, qu’on invite tous les 3-4 ans en moyenne, depuis 2000. Gong, Opeth… Il y en a d’autres mais on essaie toujours de laisser une place aux groupes locaux suivant les possibilités. » Parmi eux, on retiendra Stormcore (reformé pour les 15 ans de Garmonbozia en 2013) mais aussi Voight Kampff et Darkseid. L’asso co-organise même en 2018 la première soirée I’m From Rennes dédiée au Metal.

Production de concerts, booking, organisation et supervision de tournées… Garmonbozia investit principalement des salles à Rennes (Antipode, Ubu, Étage, Liberté…), Nantes (Stereolux, Ferrailleur…) et Paris (Petit Bain, Trianon, Olympia, Bataclan, Élysée Montmartre, La Machine / ex Locomotive…) : « les groupes hors Metal qu’on présente sont des formations que je connais bien mais on reste surtout sollicité pour des concerts Metal. On n’a pas forcément le même réseau en terme de promotion pour couvrir d’autres courants musicaux, le public s’y retrouve peut-être moins également. » Fred place aussi des groupes et des plateaux pour les festivals comme le Sylak, le Fall of Summer, le Motocultor et le Hellfest : « on se connaît depuis le début avec Ben Barbaud (fondateur du Hellfest). On lui avait proposé des groupes Metal pour diversifier sa programmation dès le FuryFest, on avait également participé au financement de la seconde édition du Hellfest. On se soutient, surtout en ce moment avec la pandémie. »

Les années défilent et Garmonbozia devient un acteur indispensable de la scène Metal dans l’hexagone mais rester sous le statut associatif est un vrai choix : «  l’association est régie par les principes généraux de la loi 1901 donc l’asso n’a pas de but lucratif. Ce n’est de toute manière pas à proprement parler une activité très rentable ! Nous essayons chaque année d’avoir des comptes équilibrés tout en rémunérant les postes qui doivent l’être. »  Et le boulot ne manque pas ! Bien au contraire : « jusqu’à une certaine période, je faisais tout seul et je prenais du retard au niveau administratif. » Aux bénévoles, deux salariés viennent seconder Fred. Clément arrive début 2020 pour la gestion de la billetterie mais Lorène intègre l’équipe bien avant : «en 2013 » précise-t-elle. « Au début, j’étais bénévole et Fred m’a appris le métier. » Présentatrice de l’émission La Crypte sur Canal B, elle n’est pas une novice dans le milieu du Metal : « oui mais je nétais pas du tout Black. J’ai un peu changé depuis que je bosse chez Garmonbozia. » Mais au fait, à quoi ressemble le métier quand on passe de l’autre côté du miroir ? « On voit moins de concert ! On est occupé toute la soirée, on a plus le temps ! », ironise-t-elle. « Non, plus sérieusement, au quotidien, on échange beaucoup. On a des contacts privilégiés dans chaque pays. Je parle Allemand et on a pas mal de tourneurs basés en Allemagne. En fait, on achète des plateaux : c’est le tourneur principal qui monte les affiches. Parfois, ils nous laissent la possibilité d’ajouter un groupe de notre choix en première partie mais ça devient de plus en plus rare alors que c’était systématique il y a une dizaine d’années. » Fred enchaîne : « oui, on bosse principalement avec des tourneurs étrangers. On passe beaucoup de temps à parler et à échanger par mail en AnglaisPratiquement tout se passe sur Internet et sur les réseaux sociaux. » L’équipe continue de faire ses propres plateaux à l’occasion de l’anniversaire de Garmonbozia, un rendez-vous devenu régulier à Rennes. Idem quand ils mettent à l’honneur des groupes comme Magma qui aurait dû jouer à l’Opéra en octobre 2020 : « on a été obligés de reporter ces deux soirées à 2021. On avait vendu les billets et les nouvelles restrictions nous imposaient de diminuer encore la jauge. C’était difficilement tenable financièrement et il n’était pas question de voir ces concerts évènements (50 ans du groupe) au rabais. » explique Fred. La Covid 19… La pandémie dure et bouleverse tout. Impossible de savoir si les concerts pourront reprendre dans quelques mois, un an ou plus : « oui, on passe notre temps à annuler ou à reporter. Ce n’est pas simple. Depuis mars, on dû faire 80 reports ou annulations. On avait pu maintenir qu’une seule date et il n’y aura sans doute pas de reprise avant le second semestre 2021. Après, on a la chance d’avoir un public fidèle. On a reçu beaucoup de messages pendant le confinement. Les gens proposent d’acheter des billets à l’avance directement auprès de nous et même de faire une cagnotte. »

En un peu plus de vingt ans, Garmonbozia est devenu un gage de qualité. Le public répond présent : « oh ! On a aussi connu des soirées difficiles ! » s’exclame Fred avec beaucoup de franchise. Sans doute mais il est bon de savoir que des organisateurs prennent encore des risques dans leur programmation. Les concerts d’Alice Cooper au Liberté et de Brant Bjork à l’Ubu n’étaient peut-être pas complets mais ceux qui ont pu y assister ne l’oublieront pas de si tôt. Idem pour tous ces artistes locaux qu’ils soutiennent depuis des années et qui ont pu monter sur des scènes comme le Hellfest.

Transparence, simplicité… et une ligne de conduite irréprochable… c’est un peu tout ça Garmonbozia ? Ah, c’est sans compter la passion… Sans elle, Fred Chouesne ne se serait sûrement pas engagé sur ce chemin. Les Doors, Depeche Mode, King Crimson, Pink Floyd, Magma, Dead Can Dance, John Coltrane, Miles Davis, Klaus Schulzeles groupes qui l’accompagnent au quotidien ne sont pas forcément Metal mais en live, il sait faire la part belle aux musiques extrêmes. Garmonbozia est paraît-il la nourriture des Dieux dans Twin Peaks… Une idée pleine de promesses… pour un public qui attend que sonne à nouveau l’heure des concerts.

Caroline Vannier

Sur le Web :
https://fr-fr.facebook.com/Garmonbozia.Inc

I’m From Rennes, l’Étage (Rennes) – 13 septembre 2019 –

Vendredi 13… Une date symbolique qui lance la première soirée I’m From Rennes 100 % Metal. L’asso qui valorise la scène locale a attendu 8 ans pour le faire mais elle n’a rien laissé au hasard : une prog de qualité, un visuel qui claque, des partenaires solides… Il faut dire que l’équipe orga a très bien joué. En s’associant à une structure référente en la matière, elle a su interpeller les passionnés de musique extrême. Reine du gros son, Garmonbozia organise des concerts à Rennes et ailleurs depuis déjà 21 ans. Avec plus de 700 dates à son actif et un carnet d’adresses bien rempli, elle s’est taillée une solide réputation en France et en Europe. Alors qui de mieux pour investir la salle de l’Étage ?

Les gens viennent en nombre dès 19h00. Dans le public : des passionnés, des musiciens, des potes, des membres actifs d’asso… Bref, pas mal de personnes qu’on retrouve dans les Caf’Conc’ de Rennes tout au long de l’année. Ça discute musique, technique… et la configuration de la salle en intéresse plus d’un. Pour passer 7 groupes en 5h15 chrono, une seconde scène a été monté. Plus petite, plus proche du public… C’est là qu’on retrouvera la plupart des formations Hardcore. Mais pour l’heure, place au premier groupe !

19h30 pétante. Il y a du monde devant Entertain the Terror. Jamais simple « d’ouvrir le bal » mais le groupe de Hardcore n’a aucun mal à entrer dans son concert. Un son brut et efficace qui colle parfaitement aux propos qu’il défend. Le message est clair : engagé et sans concession. Un franc-parler qui dénonce sans jamais tomber dans la facilité. Une presta sans filtres qui fait entrer les maux de la rue dans les salles de concert.

Deuxième scène… Cadaveric Fumes enchaîne à peine 5 minutes plus tard. Éclairage minimaliste, fumigène, visages à peine visibles… Les membres du groupe s’effacent pour laisser toute la place à leur musique. Le groupe de Death Metal propose un son précis, martelé, fourni… Les compos laissent planer une ambiance sombre teintée de notes quasi vintage. Une identité très forte qui interpelle forcément.

Il est encore tôt quand Hard Mind monte sur scène mais le groupe frappe très fort. Dès le premier morceau, le ton est donné : de l’énergie, de la puissance et une véritable présence scénique. Ils ne lâcheront rien. Le public non plus. Un rythme explosif, chargé de DIY qui n’a rien à envier aux groupes américains. L’efficacité des compos et des propos ne laissent pas de temps mort au pit. Une presta qui dévoile la qualité de la scène Hardcore Rennaise.

Mantra

Éclairage étudié, riffs à la Tool, voix planante… Mantra est là pour un live hors norme. Et quelle claque ! Depuis 10 ans, le groupe de Metal Progressif ne cesse de se réinventer. La qualité d’interprétation est indéniable : le chanteur accompagné d’un danseur du Butô offrent une presta unique et habitée. Dans un milieu pas mal codifié, c’est osé mais quelle bouffée d’inventivité. Les compos fourmillent de détails qui prédestinent le meilleur dans les années à venir.

Fange démarre à 22h20… et le groupe de Harsh & Sludgy Death retourne littéralement la salle de l’Étage. Programmé au Motocultor cette année, le quator démontre toute la pluralité de la musique Metal. La puissance est là mais quelle technique ! La rythmique est solide, précise, judicieuse… Un jeu subtile qui ne fait à aucun moment de l’ombre à l’énergie brute du chant. Un groupe très prometteur, à voir sans tarder en live !

Les bons musiciens font avec les soucis techniques et ce soir-là, Hexecutor s’en sort avec brio. Le groupe de Thrash démontre toute son aisance sur scène. Des enchaînements rapides, une belle présence et un son quasi old-school. Les musiciens signent quelques textes chantés en français : une orientation qui donne une véritable dynamique à leur musique. Des titres comme Hélène Jegado ou encore La Sorcière du Marais sont accessibles sur Bandcamp.

Voight Kampff

Fin de soirée… Il est un peu plus de minuit quand Voight Kampff monte sur scène. D’emblée, le talent et l’habileté technique des musiciens saute aux yeux. Le groupe de Techno Thrash donne une impression de facilité comme seuls, les grands musiciens savant le faire. Des compos façonnés avec finesse, une énergie teintée de S.F., des riffs éclairés…. Ils offrent un travail abouti qui explose en live. Yeux fermés, frontman au-devant de la scène, batterie qui martèle les fûts… Ce soir, ils jouent pour « leur frère » disparu. Depuis 2013, Mathieu Broquerie était guitariste chez Voight Kampff et grâce à eux, sa créativité continue de résonner à travers leur musique. Un hommage délicat… et vivant pour un acteur de la scène locale pionnier du Hardcore à Rennes dans les années 90.

Une préparation au millimètre, un public qui répond présent, une prog qui met en lumière la diversité de la scène Metal… Oui, cette soirée est un sans faute pour les équipes de I’m From Rennes et de Garmonbozia ! Mais voilà, ce Vendredi 13 marque un tournant… Le début de quelque chose pour les uns, la fin d’une époque pour les autres… RIP Mathieu Broquerie. RIP Philippe Pascal, chanteur emblématique du groupe Marquis de Sade. Quand elle prend les chemins du studio, la musique a ce pouvoir de figer le temps. Messieurs, votre talent ne s’éteindra pas.

Caroline Vannier

Article également publié sur Metalorgie (sous le pseudonyme Ubuto Kro)
https://www.metalorgie.com/live-reports/1883_I-m-From-Rennes_le-13-09-13-Rennes-L-Etage


Prophets of Rage, à l’Olympia (Paris) – 8 août 2019 –

Il y a des artistes qui savent plaquer les mots justes sur les problèmes de ce monde. Des musiciens qui ont le truc pour créer des morceaux qui sonnent dès la première écoute. Les Prophets of Rage ont cette force et au vu de leur formation, on comprend pourquoi : trois membres de Rage Against the Machine, deux de Public Enemy, un de Cypress Hill… Une expérience qui donne le vertige ! Les gars sont là depuis une trentaine d’années… et ce qui est beau, c’est qu’ils ont su avancer avec la rage de leur début.

Ce jeudi 8 août 2019, Prophets of Rage passe par Paris, à l’Olympia. Comme beaucoup avant eux, leur nom est annoncé à l’ancienne, en grosses lettres rouges sur cette façade quasi-mythique. La plus vieille salle de la capitale passe les épreuves du temps avec un historique qui ferait pâlir plus d’un programmateur. Des grands de la musique sont passés par là : Jeff Buckley, Jacques Brel, Edith Piaf, les Stones, Jimi Hendrix (certes en première partie, mais quand même)… Avec une acoustique exceptionnelle et une belle proximité avec le public, elle demeure un vivier unique pour les artistes de tout horizon. Seul problème, l’Olympia est désormais propriété du groupe Vivendi… Triste monde qu’est celui du tout capitalisme… mais joli pied de nez quand on sait qu’un groupe qui dénonce ce système investit les lieux ce soir.

Dans la salle, des fans de la première heure… mais aussi des jeunes et moins jeunes comme cet homme de quatre-vingt ans qui fend le public pour s’approcher de la scène. Bref, des passionnés de musique qui sont aussi très curieux de découvrir les Nova Twins, le groupe qui assure la première partie. Cette formation de Londres au style urban punk est composée de deux musiciennes et d’un batteur. Un trio, passé au Hellfest en 2019 et qui a visiblement marqué les esprits. D’entrée de jeu, il est clair que Amy Love et Georgia South sont les dignes héritières d’une fusion à la Rage. Du flow, de l’énergie, des riffs qui sonnent à la Morello et à la Commerford. Ouais, une vraie présence scénique et une identité musicale déjà très affirmée pour ces compositrices d’à peine vingt ans. Un groupe très prometteur à découvrir sans tarder en live !

Très vite, l’ambiance monte. Les lumières s’éteignent… N’est-il pas trop tôt pour Prophets of Rage ? Grosse surprise quand DJ Lord entre seul sur scène. Pendant une trentaine de minutes, il enchaîne les mix de morceaux devenus des classiques du rock et du metal. Black Sabbath, les Stones, AC/DC… mais petite incompréhension quand le public siffle l’hymne américain interprété par Jimi Hendrix. On peut voir ce qu’on veut dans cette version mais sûrement pas le « règne » de Trump, alors pourquoi cette réaction ? Est-ce l’Amérique toute entière qui est huée ?

Voile noir, sirène, poings levés… Les Prophets of Rage arrivent quand on ne s’y attend pas. Et c’est une vraie claque ! La touche fusion est bien là… Des riffs de guitare tellement propres à Morello, une rythmique juste et habile… Les musiciens de Rage proposent un son unique et maîtrisé qui ne vieillit pas. Bien au contraire, il se bonifie avec le temps, développant des variantes subtiles aux morceaux les plus connus. Un socle solide qui même après avoir connu plusieurs formations ne s’est jamais altéré. Ça c’est pour la partie musicale mais il y a le chant… et quelle performance !

Le duo formé par les rappeurs B-Real et Chuck D est impressionnant. Leurs voix martèlent avec puissance et éloquence des textes forts et engagés. Ils enchaînent les nouvelles et anciennes compos avec une facilité déconcertante. Pas une ride dans leur approche. Il faut dire que le groupe s’est monté en réaction à la campagne de Trump et cet engagement citoyen est palpable sur scène. Une prestation sincère qui clame tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.

Les morceaux présents sur le dernier album – et quelques nouveautés – de Prophets of Rage sont distillés tout au long du concert : Unfuck the Word, Heart Afire, Legalize me… À souligner, ce très bon moment sur Hail to the Chief quand Tom Morello et DJ Lord se répondent par riffs et samples interposés. Autre instant à retenir : le trio formé par les gars de Public Enemy et de Cypress Hill au milieu du concert. À eux trois, ils enchaînent Night of the Living Baseheads, I Ain’t Goin’ Out Like That, Can’t Truss It, Insane in the Brain, Bring the Noise ou encore Hand on the Pump. Une exclu 100 % hip-hop qui démontre tout le talent des deux frontman.

Pas de temps mort pendant le show : de l’explosif mais pas que… Beaucoup de respect et d’humilité quand Morello, Commerford et Wilk interprètent Cochise d’Audioslave. Le micro est éclairé à l’avant de la scène… Pas de chanteur mais une empreinte, celle d’un musicien exceptionnel parti trop tôt mais qui aura marqué l’histoire du rock et du grunge. RIP Chris Cornell.

La musique a ce pouvoir de passer d’une émotion à l’autre… et les morceaux de Rage Against the Machine s’enchaînent pour le grand plaisir des fans… Testify qui déboule derrière le premier morceau du concert. Suivent des classiques comme Know your Enemy, Bullet in the Head, Bulls on parade…. et bien d’autres. On retiendra Killing in the Name qui crée un bordel monstre. Mais quel bon bordel ! À l’avant, c’est la folie. Au milieu, c’est la bagarre. À l’arrière, ça gueule les paroles… et dans les balcons, les gens se lèvent enfin. Comme à son habitude, Morello fait le solo de fin à une main. Quel talent ! Et quel cadeau quand ils terminent le show sur Bombtrack.

Prophets of Rage, c’est du très bon son mais au-delà de la musique, ce sont aussi des artistes authentiques et engagés. Ce groupe est une sphère de liberté qui laisse chacun exprimer ses revendications comme il l’entend. Certains retiendront le solo de Tom Morello avec les dents qui dévoile une croix gammée barrée derrière sa gratte. D’autres, son soutien aux gilets jaunes. Peu importe… Le message qu’il passe est de ne surtout pas se taire. La soumission est la pire des prisons. Avoir une opinion et la confronter aux autres est salutaire aujourd’hui. Qu’on soit d’accord ou pas, mieux vaut débattre haut et fort que ne rien dire !

Caroline Vannier

Article également publié sur Metalorgie (sous le pseudonyme Ubuto Kro)
https://www.metalorgie.com/live-reports/1875_Prophets-Of-Rage_le-08-08-19-Paris-Olympia

Tambours du Bronx : W.O.M.P, à l’Étage (Rennes) – 5 avril 2019 –

Ce vendredi 5 avril 2019, c’est la première des Tambours du Bronx à Rennes en mode W.O.M.P. Dans la salle, pas mal d’habitués mais aussi une poignée de curieux… Des gens venus en nombre et qui ont envie d’entendre battre les bidons. Mais ne risquent-ils pas d’être surpris ? Oui, ce soir, les Tambours ne résonneront pas seuls… guitares, voix, samples… Le show sonnera metal. Le public les attendent-ils dans ce registre…

Surprendre, se réinventer, exploiter de nouvelles pistes… N’est-ce pas la marque de fabrique de ce groupe pas comme les autres ? Depuis bientôt 30 ans, les gars de Varennes-Vauzelles tracent leur route sans calcul. Une liberté qui les a tout récemment mené à jouer avec Sepultura… Ouais et c’était quelque chose ! Ceux qui ont eu la chance de les entendre marteler les fûts sur Roots Bloody Roots s’en souviennent encore. Allemagne, Pologne, New-York… partager la scène avec le groupe de thrash metal brésilien les nourrit d’une nouvelle expérience. Un élan qui leur donne l’envie d’aller plus loin : monter un show metal avec pas mal d’artistes qui comptent sur la scène alternative française. Le premier à dire oui est le batteur Franky Costanza (Dagoba, Blazing War Machine). Suivent, Reuno (Lofofora, Mudweiser, Madame Robert…) et Stéphane Buriez (Loudblast) au chant. Quelques Tambours troquent aussi les bidons contre la guitare et la basse. Tout s’est fait très vite et après une série de concerts (Motocultor, Rock Your Brain Fest…) ainsi qu’un album très réussi – sorti le 19 octobre 2019 –, ils entament une tournée qui promet d’être spectaculaire. Alors, on écoute ce que ça donne ?

20h30, Flayed – Hard Hitting Rock’n’Roll Groove Machine – monte sur scène. Ils assurent la première partie et le moins qu’on puisse dire c’est que ça claque ! De la maîtrise, du style, un son… les musiciens ont une véritable signature musicale qui rafraîchit l’approche du rock. Pas mal d’influences dans leur musique… Des riffs seventies couplés à une rythmique très groove et un chant, en anglais, porté par une voix à la Dave Grohl. De la fusion qui explose en énergie et qui prouve que jouer de telles rythmiques n’est pas réservé aux groupes anglais et américains. Il y a du bon, même du très bon chez ces musiciens qui viennent de Vienne dans l’Isère. Ils font le show sans jamais trop en faire : une presta tout en transparence au service de leur musique. À voir et revoir !

Flayed

Flayed vient de sortir de scène mais le public ne s’éloigne pas. Ceux qui sont devant ne veulent pas perdre leur place et ils ont raison ! Le temps de ranger le matos et une dizaine de musiciens arrivent déjà dans la pénombre… Des samples, des grattes qui se placent… premiers coups de baguettes… et les mailloches qui martèlent les bidons. Les Tambours sont là et leur entrée est fracassante ! Ils défendent leur dernier album et ils le font bien. Ils démarrent avec Mirage Eternel, un morceau servi par la voix et les mots de Reuno. Une compo « qui mélangent les figures de Lawrence d’Arabie et de la British Petroleum ». Le ton est donné et l’enchaînement avec Never Dead ne fait qu’accentuer la puissance de ce concert hors norme. Grosse surprise quand un autre chanteur débarque… on s’attendait à voir Stéphane Buriez mais c’est Renato Di Folco – frontman chez Flayed – qui les rejoint sur scène. À peine vingt minutes après son concert, il offre un chant plus metal, saturé… Une performance ! L’un des nôtres, Le Mal, Jour de Colère… Les morceaux défilent et la gamme rythmique des compo est impressionnante. La horde est là mais la batterie n’est pas en reste… Le jeu de Franky Costanza ressort avec simplicité et subtilité. Un dosage au millimètre qui propose une lecture groove, claire et puissante. Pas mal de reprises aussi… Prodigy, Gainsbourg et forcément Sepultura. Des réappropriations soignées qui sonnent une fois de plus très justes.

Tambours du Bronx

Weapons Of Mass PercussionW.O.M.P est une expérience à vivre sur scène : du son puissant, inventif et authentique. Un bol d’air de créativité fait pour le live ! Les Tambours du Bronx – tout comme les musiciens qui les entourent – font partie de ces artistes qui refusent d’avoir des zones de confort. Des gens de talent qui cherchent sans cesse à se réinventer avec force et simplicité. Les Tambours version metal, c’est à ne pas louper ! Alors, vous y allez quand ?

Caroline Vannier

Article également publié sur Metalorgie (sous le pseudonyme Ubuto Kro)
https://www.metalorgie.com/live-reports/1832_Les-Tambours-Du-Bronx-Flayed_le-05-04-19-Rennes-Le-Liberte

Franz Ferdinand, au Liberté (Rennes) – 23 mars 2018 –

L’histoire de Franz Ferdinand commence comme un bon vieux western. Quelques verres descendus dans un pub de Glasgow, une plaisanterie mal comprise et une altercation qui éclate. Alex – chanteur – et Nick – guitariste – échangent quelques mots et puis, les insultes font place à une franche discussion entre musiciens. Pas d’intox : c’est le vrai point de départ de l’aventure Franz Ferdinand et ça fait dix-sept ans que ça dure ! Comme quoi, les engueulades ont parfois du bon.

Sur scène, le groupe écossais se démarque par une complicité de longue date… sauf que, pour cette tournée 2018, les concerts se feront sans Nick. Pas de dispute sur ce coup-là, juste une pause pour le guitariste. Mais voilà, l’harmonie entre les zicos sera-t-elle toujours au rendez-vous ? Le public va-t-il s’y retrouver ?

Dino Bardot – guitare – et Julian Corrie – guitare et clavier – remplacent Nick McCarthy… Deux nouveaux visages et un son qui se veut plus electro pour un dernier opus concocté par Philippe Cerboneschi « Zdar » – duo Cassius et producteur de The Rapture, Phoenix, OneRepublic… –.

Dès leur entrée sur scène, le groupe assume cette nouvelle touche. Le style du morceau « Always Ascending » est à la fois vibrant et planant : une approche quipeut étonner mais qui fonctionne. Les musiciens jouent sur les amplitudes et instaurent très vite, une ambiance presque dancefloor pendant les quinze minutes suivantes. Et puis, ce qui fait la force de Franz Ferdinand opère dès la quatrième compo, le groupe place une grosse rupture avec « Walk Away » là, en plein milieu de ce trip electro. Sous ses airs blues-western, le morceau rappelle que la bande de Glasgow n’a pas oublié son côté Rock. Un mélange des genres qui fait du bien ! Une gestion habile qui ne dénote en rien avec le morceau suivant « Lois Lane » aux tonalités pourtant très proches de la musique New Wave.

Tout au long du concert, Franz Ferdinand propose un jeu à la fois soigné et désinvolte, les musiciens ont l’art de mettre en avant une rythmique atypique qui embarque le chant et les grattes sur des chemins contrastés. Simple à l’écoute, la construction des compo est pourtant beaucoup complexe qu’il n’y paraît. Une magie reflétée par des morceaux tels que « Ulysse », « Mickael » ou encore « The Dark of the Matinée ».

Mené par un chanteur un brin déjanté, le jeu scénique n’est pas en reste : tout autant à l’aise sur grandes et petites scènes, le groupe sait créer une proximité sincère avec son public. Une approche spontanée qui abolit les frontières, créant une complicité presque immédiate. Bah ouais, on a envie de les inviter au pub après le concert !

Et le meilleur moment du show dans tout ça ? Sans aucun doute, quand les quatre gars – guitares et basse à la main – se mettent en ligne droite face au public pour interpréter « Take Me Out ». Ouais, on tape dans les classiques mais c’est bon à entendre !

Pour ceux qui ont loupé ça, session de rattrapage en juillet et août 2018 dans le cadre des festivals Musical 2018 à Aix-les-bains et Fête du Bruits à Landerneau.

Caroline Vannier

Article également publié sur Metalorgie (sous le pseudonyme Ubuto Kro)
https://www.metalorgie.com/live-reports/1691_Franz-Ferdinand_le-23-03-18-Rennes-Le-Liberte

Brant Bjork, à l’Ubu (Rennes) – 9 octobre 2017 –

Lundi 9 octobre. Dans les rues de Rennes, tout a un goût de début de semaine : peu de circulation, des terrasses désertes et des gens qui se pressent pour rentrer chez eux. Bref, la ville s’endort avant l’heure. Mais si on s’attarde rue Saint-Hélier, on remarque que ça s’active du côté de l’UBU. Forcément, Brant Bjork joue ce soir mais l’info n’est pas évidente. La com’ est discrète : pas d’affiche visible, pas de nom sur le panneau extérieur mais le message est passé… Ce n’est pas complet mais il y a du monde.

Quand on franchit les portes de l’UBU, on entre dans un lieu à part. La salle de concert ne ressemble à aucune autre : la proximité avec la scène est telle qu’elle abolit presque les frontières entre le public et les musiciens. À chaque fois, il y a un truc qui se passe là-bas, voir et entendre de cette manière rend chaque prestation unique. Et ce soir, l’UBU a des airs de club américain… Un club qui pourrait se situer quelque part entre Seattle et Palm Desert. Oui, ça en fait des kilomètres… Bon, pour être plus précise et surtout pour être raccord avec les débuts de Brant Bjork, l’évidence serait de planter le décor en plein désert, dans une soirée de type generator party.

En prenant place dans la fosse, on se rend compte que le groupe est déjà sur scène : les guitaristes grattouillent et font des réglages de dernières minutes. Et puis le concert démarre comme ça, à la cool. Pas de grosse mise en scène mais question look, on a l’impression d’être transporté en pleine époque hippie : chemise kaki bardée d’écussons, cheveux longs, bandana… Ça bouge peu mais qu’est-ce que ça a de la gueule ! Et quel son ! Toute la place est laissée à la musique : le guitariste – Bubba DuPree prend même parfois du recul pour mieux sentir le riff à venir. Et oui, les gars prennent du plaisir : il y a des regards et des expressions qui ne trompent pas. Ils kiffent le moment présent.

Pendant presque 2h00, ils enchaînent sans peine des titres comme Stackt, Buddha Time ou encore Lazy Bones / Automatic Fantastic. Brant Bjork, l’ancien membre du groupe Kyuss* n’a rien perdu du stoner de ses débuts. Il y a du son lourd mais pas que… certaines intro sont purement instrumentales tirant sur le blues et c’est un vrai régal. Pendant tout le concert, monsieur Bjork prouve qu’il n’est pas enfermé dans un style, son approche multi-instrumentiste – il est guitariste-chanteur mais aussi batteur et bassiste – et sa voix teintée de grunge apporte aux morceaux une texture différente. Côté tempo, les musiciens ont appris à bonne école : la rythmique est minimaliste mais efficace. Le batteur, qui a un kit composé – entre autre – d’un double tome basse et de cymbales rides, privilégie une frappe forte et sans concession. Tout est parfaitement réglé mais avec une sacrée dose de décontraction. La folie ne vient pas de cette bande-là mais plutôt de Sean Wheeler, le chanteur du groupe punk-rock Throw Rag qui apparaît au milieu et à la fin du show pour interpréter quelques morceaux. Le guest apporte une présence scénique anticonformiste qui sied bien à l’ambiance de la soirée.

Brant Bjork, c’est un mélange de rock et de metal avec une dose de psychédélique : du pur stoner qui se découvre ou se re-découvre en live. Un grand merci à Garmonbozia et à l’UBU pour le soin apporté à leur prog. : voir de tels artistes à deux pas de chez soi est un réel privilège.

Caroline VANNIER

* Kyuss est considéré comme l’un des groupes fondateurs de la musique stoner. Il est initialement composé de Brant Bjork (batterie), Josh Homme (guitare), John Garcia (chant), Chris Cockrell (basse) puis de Nick Oliveri (basse).

Article également publié sur Metalorgie (sous le pseudonyme Ubuto Kro)
https://www.metalorgie.com/live-reports/1598_Brant-Bjork_le-09-10-17-Rennes-L-Ubu

Summerbowl of hardcore fest 2018, au Jardin Moderne (Rennes) – 7 juillet 2018 –

À Rennes, le Hardcore, c’est l’affaire de Face to Face et de Kob. Les deux asso ne revendiquent rien mais elles sont force de proposition. Présentes sur le terrain depuis quelques années, elles mettent en avant des groupes issus de la scène locale et internationale. Et ce samedi 7 juillet, elles annoncent une bonne bagarre ! À l’affiche : Slapshot, Foreseen, Get the Shot, Ultimhate, Red Death, Elephants, Defiance, Mind Awake, Silent-T-error et Recedant Somnia.

Dans un concert de Hardcore, c’est compliqué de livrer un live report complet. Le plus souvent, on a pas d’accréditation officielle. On est dans la fosse comme tout le monde, alors il faut se débrouiller pour capter les bons moments. Les photographes ont des techniques différentes : certains sont équipés de grands objectifs pour saisir l’instant à distance, d’autres s’approchent au plus près de la scène. Mais on a beau dire, la meilleure façon de restituer l’ambiance, c’est d’aller au contact. Metalorgie l’a fait pour trois groupes : Red Death, Ultimhate et Get the Shot.

Red Death

Le Jardin Moderne : 20h30. Cinq gars montent sur scène : Red Death, une formation qui vient tout droit de Washington DC. Le line-check est rapide mais précis : les musiciens savent ce qu’ils veulent. Il faut dire que le groupe enchaîne les dates en Europe depuis presque 15 jours. Dans la salle, le public est dispersé mais il y a un timing à respecter, alors les mecs commencent sans discuter. Le son des américains est excellent. Des riffs efficaces qui sonnent résolument rock et une rythmique percutante. Le chanteur – qui est aussi bassiste – fournit une presta écorchée. Pendant les 35 minutes de show, on a presque l’impression d’avoir tous bougé dans une usine désaffectée quelque part aux États-Unis. Rageuse et maîtrisée, la technique est belle et on en redemande. Mais pour l’heure, c’est au tour d’Ultimhate !

Après 13 ans de bons et loyaux services, le groupe de Hardcore rennais tire sa révérence. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça se fera à grand bruit. Ce soir, il y a du monde pour leur dernière date. À peine sont-ils montés sur scène que les gens se pressent dans la fosse. Pas de barrière avec le public : l’espace est à tout le monde. Les musiciens discutent, laissent les potes monter sur scène… Oui, ils sont disponibles et savent mettre à l’aise : la preuve, y’a même un type qui bavarde à la cool, à poil au milieu de la salle. Et puis sans prévenir, le show démarre à fond. L’énergie est là et elle est maintenue pendant tout le concert. À peine une pause entre deux compos et ça repart. Ian et Yvan, les deux chanteurs ne lâchent rien et ils ont toujours un œil attentif pour le public : un check, un micro tendu à des types qui hurlent leurs textes… Ultimhate, c’est aussi la rue qui s’invite sur scène. Le discours est engagé : des mots sans concession qui font du bien en ces temps d’indifférence. Un gros big up pour Ultimhate ! Un groupe de passionnés qui continuera à marquer la scène rennaise : bah oui, l’orga des asso Face to Face et Kob, c’est la marque de Jo et d’Yvan. Ah, ils diront sans doute qu’ils ne sont pas tout seuls, qu’il y a du monde dans la team… mais bon, ils en sont quand même pour beaucoup dans l’affaire.

Ultimhate

Il est presque 22h30 et Get the Shot entre en scène. Les canadiens sont bons, très bons. Créatif et précis : leur jeu est diaboliquement efficace. Que dire ? Du travail, du talent… et une vraie présence scénique. Quelle claque ! Quel niveau ! L’architecture des morceaux est solide et mesurée. Une énergie tout en subtilité qui ne cesse de surprendre le public. La partie rythmique offre un chapitrage des morceaux riche et cohérent. Les guitares occupent l’espace avec intelligence : un son fluide et puissant qui ne tombe jamais dans la facilité. Côté vocal, J-P est là ! Selon les moments du morceau, il donne une approche différence à son chant : la technique est maîtrisée et le discours chargé de sens. Et le boulot ne s’arrête pas là, le gars ne cesse de parcourir la scène de gauche à droite : il fait le show, semant un chaos généralisé dans la salle. C’est certain, le public du Jardin Moderne n’oubliera pas cette presta honnête, généreuse et solide. À quand le prochain concert en Bretagne ?

Get the Shot

Avant de boucler, juste un petit mot pour Silent-T-error qui jouait son dernier concert. Un groupe qu’on a trop peu vu sur scène malgré un talent indéniable. Il aurait mérité plus de visibilité. On espère retrouver tous ces musiciens très vite dans d’autres formations.

RIP Ultimhate.
RIP Silent-T-error.
Une page se tourne mais on attend de pied ferme de nouveaux projets. Merci et à bientôt pour une bonne bagarre !

Caroline Vannier

Article également publié sur Metalorgie (sous le pseudonyme Ubuto Kro)
https://www.metalorgie.com/live-reports/1732_Summerbowl-Of-Hardcore-2018_le-07-07-18-Rennes-Jardin-Moderne


Cafés-Concerts

The Flying Padovanis – Mondo Bizarro (Rennes) – 2018
The Flying Padovanis – Mondo Bizarro (Rennes) – 2018
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The Fleshtones – Mondo Bizarro (Rennes) – 2014
The Fleshtones – Mondo Bizarro (Rennes) – 2014
The Fleshtones – Mondo Bizarro (Rennes) – 2014
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The Dictators – Mondo Bizarro (Rennes) – 2014
The Dictators – Mondo Bizarro (Rennes) – 2014
Dernier concert Hand of Blood with guest – Mondo Bizarro (Rennes) – 2014
Dernier concert Hand of Blood with guest – Mondo Bizarro (Rennes) – 2014
Chouch’N’Molotov – La Lanterne (Rennes) – 2014
Chouch’N’Molotov – La Fontaine (Saint-Péran) – 2016
Black Mammouth – Sympathic Bar (Rennes) – 2014
Black Mammouth – Sympathic Bar (Rennes) – 2014
Volac Coldheart – Le Terminus (Rennes) – 2017
Ad Patres – Mondo Bizarro (Rennes) – 2019
The Outside – Mondo Bizarro (Rennes) – 2014
Myra Peaks – Le Marquis de Sade (Rennes) – 2018
Myra Peaks – Le Marquis de Sade (Rennes) – 2018
Madslave – Le Marquis de Sade (Rennes) – 2018
Madslave – La Fontaine de Brocéliande (Saint-Péran) – 2016
Blackbirds – Le Gazoline (Rennes) – 2014
Blackbirds – La Lanterne (Rennes) – Photo argentique
Blackbirds – Rennes – Photo argentique
Blackbirds – Rennes – Photo argentique
Black Mammouth – Mondo Bizarro (Rennes) – 2012 – Photo argentique
Black Mammouth – Mondo Bizarro (Rennes) – 2012 – Photo argentique
Mantra – La Paillotte (Rennes) – 2011 – Photo argentique
Jacta – Mondo Bizarro (Rennes) – 2011 – Photo argentique
Jacta – Mondo Bizarro (Rennes) – 2011 – Photo argentique
Hopper Noz – Mondo Bizarro (Rennes) – 2011 – Photo argentique
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Concerts

Sepultura – Festival Motocultor – 2018
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Brassick – Festival Girls Disorder – Le Jardin Moderne (Rennes) – 2014
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Franz Ferdinand – Le Liberté (Rennes) – 2018
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Les Tambours du Bronx – L’Étage (Rennes) – 2019
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Pixies – Le Liberté (Rennes) – 2019
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Popa Chubby – Festival Motocultor – 2018
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Les Ramoneurs De Menhirs – Festival Motocultor – 2019
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Mass Hysteria – L’Étage (Rennes) – 2015
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Ultra Vomit – L’Étage (Rennes) – 2017

Ultra Vomit – L’Étage (Rennes) – 2017
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1000Mods – Festival Motocultor – 2019
NOFX – Festival Motocultor – 2019
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Warbringer – Festival Motocultor – 2018
Warbringer – Festival Motocultor – 2018
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Jinjer – Festival Motocultor – 2018
Nostromo – Festival Motocultor – 2018
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Lofofora – La Nouvelle Vague (Saint-Malo) – 2015
Lofofora – La Nouvelle Vague (Saint-Malo) – 201
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Lofofora – La Nouvelle Vague (Saint-Malo) – 2015
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Moonspell – L’Étage (Rennes) – 2019
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No One is Innocent – Castel Rock Fest (Chateaugiron) – 2019
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Hangman’s Chair – Festival Motocultor – 2018
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Headcharger – L’Étage (Rennes) – 2017
Headcharger – La Nouvelle Vague (Saint-Malo) – 2015

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Flayed – L’Étage (Rennes) – 2019
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Tagada Jones – Castel Rock Fest (Chateaugiron) – 2019
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Les Tambours du Bronx – Festival Motocultor – 2018
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Mustash – Festival Motocultor – 2019
Comeback Kid – Festival Motocultor – 2018
Cerf Boiteux – Festival Motocultor – 2018
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Svart Crown – Festival Motocultor – 2018
Stoned Jesus – Festival Motocultor – 2019
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Pelican – Festival Motocultor – 2018
Rotting Christ – L’Étage (Rennes) – 2019
Rotting Christ – L’Étage (Rennes) – 2019
Rotting Christ – L’Étage (Rennes) – 2019
Rotting Christ – L’Étage (Rennes) – 2019
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Pigalle – Salle du Rotz (Maure de Bretagne) – 22 mars 2019
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The Decline – L’Antipode (Rennes) – 15 septembre 2018
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El Royce – Le Jardin Moderne (Rennes) – novembre 2018
Jackhammer – Le Jardin Moderne (Rennes) – novembre 2018
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